Et dont les troncs pourris exhalent dans les vents[1]
De quoi faire la guerre au reste des vivants,
Sont les titres affreux dont le droit de l’épée,
Justifiant César, a condamné Pompée[2].
Ce déplorable chef du parti le meilleur,
Que sa fortune lasse abandonne au malheur,
Devient un grand exemple, et laisse à la mémoire
Des changements du sort une éclatante histoire[3].
Il fuit, lui qui, toujours triomphant et vainqueur,
Vit ses prospérités égaler son grand cœur ;
Il fuit, et dans nos ports, dans nos murs, dans nos villes ;
Et contre son beau-père ayant besoin d’asiles,
Sa déroute orgueilleuse en cherche aux mêmes lieux
Où contre les Titans en trouvèrent les Dieux :
Il croit que ce climat, en dépit de la guerre,
Ayant sauvé le ciel, sauvera bien la terre,
Et dans son désespoir à la fin se mêlant,
Pourra prêter l’épaule au monde chancelant[4].
Oui, Pompée avec lui porte le sort du monde,
Et veut que notre Égypte, en miracles féconde,
- De mourants et de morts cent montagnes plaintives.
- Mais n’allez point aussi sur les pas de Brébeuf,
- Même en une Pharsale, entasser sur les rives
- De morts et de mourants cent montagnes plaintives.
- ↑ Var. Et de leurs troncs pourris exhale dans les vents. (1644-56)
- ↑ Var. Justifie César et condamne Pompée. (1644-56)
- ↑ Var. Des changements du sort une effroyable histoire. (1644-56)
- ↑ Var. Pourra prêter épaule au monde chancelant. (1644)
Brébeuf, renchérissant sur Corneille, a rendu plus tard, dans un autre endroit de la Pharsale, le tot corpora fusa de Lucain (livre VII, vers 652) :