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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/457

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RODOGUNE.

La haine entre les grands se calme rarement :
La paix souvent n’y sert que d’un amusement ;
315Et dans l’État où j’entre, à te parler sans feinte,
Elle a lieu de me craindre, et je crains cette crainte.
Non qu’enfin je ne donne au bien des deux États[1]
Ce que j’ai dû de haine à de tels attentats :
J’oublie, et pleinement, toute mon aventure ;
320Mais une grande offense est de cette nature,
Que toujours son auteur impute à l’offensé
Un vif ressentiment dont il le croit blessé ;
Et quoiqu’en apparence on les réconcilie,
Il le craint, il le hait, et jamais ne s’y fie ;
325Et toujours alarmé de cette illusion,
Sitôt qu’il peut le perdre, il prend l’occasion :
Telle est pour moi la Reine.

LAONICE.

Telle est pour moi la Reine.Ah ! Madame, je jure,
Que par ce faux soupçon vous lui faites injure :
Vous devez oublier un désespoir jaloux
330Où força son courage un infidèle époux.
Si teinte de son sang et toute furieuse
Elle vous traita lors en rivale odieuse,
L’impétuosité d’un premier mouvement
Engageoit sa vengeance à ce dur traitement ;
335Il falloit un prétexte à vaincre sa colère[2],
Il y falloit du temps ; et pour ne vous rien taire,
Quand je me dispensois à lui mal obéir[3],

  1. Var. Non pas que mon esprit, justement irrité,
    Conserve à son sujet quelque animosité :
    Au bien des deux États je donne mon injure, (1647-56)
  2. Var. Il falloit un prétexte à s’en pouvoir dédire,
    La paix le vient de faire ; et s’il vous faut tout dire. (1647-56)
  3. C’est-à-dire : Quand je me permettois de lui mal obéir. Dispenser à… accorder la dispense, la permission nécessaire pour faire quelque chose, autoriser à…