Et de rigueur entière et d’entière équité[1].
Quoi ? n’écouterez-vous ni l’amour ni la haine ?
Ne pourrai-je obtenir ni salaire ni peine ?
Ce cœur qui vous adore et que vous dédaignez…
Hélas ! Prince.
[2] ?
Ce soupir ne va-t-il que vers l’ombre d’un père ?
Le combat pour mon âme étoit moins dangereux
Lorsque je vous avois à combattre tous deux :
Vous êtes plus fort seul que vous n’étiez ensemble ;
Je vous bravois tantôt, et maintenant je tremble.
J’aime ; n’abusez pas, Prince, de mon secret :
Au milieu de ma haine il m’échappe à regret ;
Mais enfin il m’échappe, et cette retenue
Ne peut plus soutenir l’effort de votre vue :
Oui, j’aime un de vous deux malgré ce grand courroux,
Et ce dernier soupir dit assez que c’est vous.
Un rigoureux devoir à cet amour s’oppose[3].
Ne m’en accusez point, vous en êtes la cause ;
Vous l’avez fait renaître en me pressant d’un choix
Qui rompt de vos traités les favorables lois.
D’un père mort pour moi voyez le sort étrange :
Si vous me laissez libre, il faut que je le venge ;
Et mes feux dans mon âme ont beau s’en mutiner,
Ce n’est qu’à ce prix seul que je puis me donner[4] :
- ↑ Var. Et de reconnoissance et de sévérité. (1647-56)
- ↑ Var. Hélas ! ANTIOCH. Sont-ce les morts ou nous que vous plaignez ?
Soupirez-vous pour eux, ou pour notre misère ?
RODOG. Allez, Prince, ou du moins rappelez votre frère. (1647-56) - ↑ Var. Un rigoureux devoir à cette amour s’oppose. (1647-56)
- ↑ Var. Ce n’est qu’à ce prix seul que je me puis donner. (1647-56)