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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/523

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APPENDICE.



ANALYSE DE LA RODOGUNE DE GILBERT[1],
PAR LES FRÈRES PARFAIT[2].


Rodogune, femme d’Hydaspe, roi de Perse, commence la pièce, et raconte à ses fils, Artaxerce et Darie, qu’Hydaspe, vaincu dans une bataille, et prisonnier de Tigrane, roi d’Arménie, a fait sa paix avec ce roi, en épousant la princesse Lydie sa sœur. Ce récit est suivi d’imprécations contre son infidèle époux, et contre Lydie, qui vient remplir sa place au trône de Perse. Oronte, que Rodogune a envoyé sur la route de la princesse Lydie, pour l’enlever, vient apprendre à cette reine que son ordre a été exécuté, et que Lydie est en sa puissance ; mais il ajoute que parmi les morts il a reconnu Hydaspe, roi de Perse. Ce dernier événement force Rodogune à feindre quelque douleur de la perte de son époux ; mais la joie de tenir Lydie en sa possession l’emporte sur sa politique. C’est ce qui termine le premier acte.

Le second ouvre par Rodogune et Lydie. La première accable d’injures sa malheureuse rivale. La suite de cet acte ressemble absolument, pour le fond et la marche, au second de M. Corneille : également dans celui-ci Rodogune propose à ses fils de la défaire de Lydie, et met la couronne et le droit d’aînesse, dont elle seule sait le secret, à ce prix. Les princes refusent de servir sa vengeance : ils restent ensemble ; et comme ils sont tous deux amoureux de Lydie, Artaxerce, qui tient ici la place de Séleucus dans la tragédie de Corneille, Artaxerce, dis-je, offre à Darie tout ce qu’il peut espérer de sa naissance, s’il veut lui céder Lydie.

DARIE.

De cent peuples fameux il faut être vainqueur,
Avant que de prétendre une place en son cœur.

  1. Voyez le commencement de la Notice, p. 399 et suivantes.
  2. Histoire du Théâtre françois, tome VI, p. 298-305.