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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/82

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Septime vous l’amène, orgueilleux de son crime,
Et pense auprès de vous se mettre en haute estime.
975Dès qu’ils ont abordé, vos chefs, par vous instruits[1],
Sans leur rien témoigner, les ont ici conduits.

CÉSAR.

Qu’elle entre. Ah ! l’importune et fâcheuse nouvelle !
Qu’à mon impatience elle semble cruelle !
Ô ciel ! et ne pourrai-je enfin à mon amour
980Donner en liberté ce qui reste du jour ?


Scène IV.

CÉSAR, CORNÉLIE, ANTOINE, LÉPIDE, SEPTIME.
SEPTIME.

Seigneur…

CÉSAR.

Seigneur…Allez, Septime, allez vers votre maître.
César ne peut souffrir la présence d’un traître,
D’un Romain lâche assez pour servir sous un roi,
Après avoir servi sous Pompée et sous moi.

(Septime rentre.)
CORNÉLIE.

985César, car le destin, que dans tes fers je brave[2],
Me fait ta prisonnière et non pas ton esclave,
Et tu ne prétends pas qu’il m’abatte le cœur
Jusqu’à te rendre hommage, et te nommer seigneur :
De quelque rude trait qu’il m’ose avoir frappée,
990Veuve du jeune Crasse[3], et veuve de Pompée,

  1. Var. Sitôt qu’ils ont pris port, vos chefs, par vous instruits. (1644-64)
  2. Var. César, car le destin, qui m’outre et que je brave. (1644-56)
  3. Cornélie avait épousé Pompée un an après la mort du jeune Crassus, fils du triumvir, qui avait péri avec son père dans la guerre des Parthes.