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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/90

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Pour de ce grand dessein assurer le succès.
Mais voici Cléopatre : agissez avec feinte,
Seigneur, et ne montrez que foiblesse et que crainte[1].
Nous allons vous quitter, comme objets odieux
1180Dont l’aspect importun offenseroit ses yeux.

PTOLOMÉE.

Allez, je vous rejoins.


Scène II.

PTOLOMÉE, CLÉOPATRE, ACHORÉE, CHARMION.
CLÉOPATRE.

Allez, je vous rejoins.J’ai vu César, mon frère,
Et de tout mon pouvoir combattu sa colère.

PTOLOMÉE.

Vous êtes généreuse ; et j’avois attendu
Cet office[2] de sœur que vous m’avez rendu.
1185Mais cet illustre amant vous a bientôt quittée.

CLÉOPATRE.

Sur quelque brouillerie, en la ville excitée :
Il a voulu lui-même apaiser les débats
Qu’avec nos citoyens ont eus[3] quelques soldats[4] ;
Et moi, j’ai bien voulu moi-même vous redire
1190Que vous ne craigniez rien pour vous ni votre empire ;
Et que le grand César blâme votre action
Avec moins de courroux que de compassion.

  1. Var. Sire, et ne lui montrez que foiblesse et que crainte. (1644-63)
  2. Toutes les éditions, excepté celle de 1656, portent : « Cette office, » au féminin.
  3. Il y a eu, sans accord, dans toutes les éditions publiées du vivant de Corneille, et même encore dans celle de 1692.
  4. Var. Qu’avec nos citoyens ont pris quelques soldats (a). (1644-56).

    (a) Voltaire a adopté cette variante dans son texte de 1764.