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Page:Correspondance d’Eulalie, 1785.djvu/180

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Depuis quelques jours, j’ai par paſſade un officier qui s’en va en ſémeſtre. Il eſt très-vigoureux, il n’y a gueres de nuits qu’il ne me réveille et il me donne régulierement le bon jour et le bon ſoir. Il a une voix charmante. S’il paſſoit l’hiver ici, j’en ferois mon amant : mais il part le vingt du mois. Je le regretterai bien pendant deux jours ; ainſi juges ſi je lui ſuis attachée, car tu ſais bien que je ſuis inſenſible, et c’eſt néceſſaire dans notre métier. Aujourd’hui à l’un, demain à un autre. Notre vie eſt un changement perpétuel de connoiſſances et de conduite. Avec l’un folâtre, avec l’autre ſenſible et avec un troiſieme flegmatique ; il faut être un peu comédiene et changer de rôle à tout moment.

Mon vieux fait toujours bouillir la marmite, ſa femme dans ce moment eſt à toute extrémité. Il ne la quitte