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Page:Correspondance d’Eulalie, 1785.djvu/47

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Lettre de Mademoiſelle Julie.
Ce jeudi 13 juin 1782.


Hier, ma chere amie, la Comteſſe[1] m’a envoyé chercher pour ſouper avec un Baron Allemand. Que ces gens ſont ruſtres & groſſiers ! Je ne crois pas qu’ils aient jamais connu l’amour ; ou ſi ce petit dieu a jamais fait quelques voyages en Allemagne, les Grâces, qui l’accompagnent ordinairement & ſont ſes dames d’atours, effrayées ſans doute de la ruſticité des habitans de ce pays, l’auront abandonné aux frontières, & ſeront venu l’attendre en France. Ce qu’il y a de ſûr, c’eſt que ces lourds Seigneurs n’en ont pas la moindre idée. Que penſer donc des gens du bas étage ?

Figure-toi, ma chere amie, que dès

  1. Madame Gourdan, à qui Louis XV a donné le ſurnom de Comteſſe. C’eſt la première Maquerelle de Paris ; elle a la pratique des grands Seigneurs & des étrangers.
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