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Page:Correspondance de M. le marquis Du Chilleau avec M. le comte de La Luzerne.djvu/32

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RÉFLEXIONS.

pu croire qu’une permission pour trois mois déterminerait aucun Négociant domicilié de faire l’achat d’un bâtiment, d’en entreprendre l’armement pour un ou deux voyages de farines. Cette permission serait donc nécessairement illusoire & infructueuse pour la subsistance des Habitans ; M. de Marbois proposerait de l’étendre jusqu’à 10 000 barils, qu’est-ce que cette petite quantité, pour un pays qui en consomme 150 000 par an ? la France ne pouvant en envoyer qu’après la récolte prochaine.

En supposant qu’une cargaison de 32 000 livres eût produit 67 000 livres au Capitaine Américain interrogé par M. l’Intendant, ce bénéfice n’eût pas été le même pour un Négociant Français, l’Américain a joui d’une faveur sur l’achat de la farine dont le Français aurait été privé, son armement a été moins dispendieux, son voyage plus prompt, et ce gain de 35 000 livres exporté en argent, démontre la nécessité de permettre le paiement de la farine en denrées Coloniales.

Le prix de la farine Américaine au Port-au-Prince est aujourd’hui de 75 livres, et celui de la Française de 110 à 120 livres, les prix ne sont pas aussi forts au Cap, mais les Bourgs, les Campagnes intermédiaires la paient 150, 160, 180 livres le baril ; tous les bâtimens arrivant de France, annoncent qu’il en viendra fort peu du Royaume, et ceux venant de l’Améri-