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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/111

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au Goazacoalco, dans une province à trente lieues du port de Tuchitepec, et de tout ce que j’avais fait pour le service de Votre Altesse, et des villes et des villages que j’avais conquis et pacifiés, et de cette grande ville de Tenochtitlan, et de l’or et des bijoux qui abondaient dans ce pays. Il s’était informé près de mes envoyés, de tout ce qui m’était arrivé. Pour eux, Narvaez les avait envoyés à la ville de la Veracruz, afin qu’ils parlassent à mes hommes pour lâcher de les attirer à son parti et se révoltassent contre moi.

Ces Espagnols m’apportaient en même temps plus de cent lettres que Narvaez et les siens avaient envoyées aux habitants de la Veracruz, leur disant de croire à tout ce que diraient le prêtre et ses acolytes ; que s’ils se décidaient pour le parti de Narvaez il leur serait accordé mille faveurs et que s’ils s’y refusaient, ils encourraient mille disgrâces. Je passe sous silence mille autres choses que leur dirent le religieux et ses compagnons ; presque au même moment, m’arrivait un Espagnol, de ceux que j’avais envoyés au Goazacoalco ; il m’apportait une lettre de son capitaine Juan Velazquez de Léon.

Celui-ci me répétait que les troupes qui avaient jeté l’ancre au port de San Juan, étaient sous les ordres de Panfilo de Narvaez, envoyé par Diego Velazquez, et il me faisait remettre une lettre, que Narvaez lui avait envoyée par un Indien comme à un parent de Diego Velazquez et son beau-frère à lui-même Panfilo Narvaez, lettre dans laquelle il lui disait avoir appris par mes envoyés sa présence et celle de mes troupes ; qu’il l’engageait vivement à venir le rejoindre ; qu’il accomplirait ainsi un devoir en rentrant au service de ses chefs et qu’il soupçonnait bien que je le retenais par force. Mais le capitaine comprenant mieux ce qu’il devait au service de Votre Majesté se refusa non seulement à ce que lui demandait Narvaez, mais il partit de suite, après m’avoir envoyé la lettre, pour se joindre aux gens que j’avais avec moi.

Je m’informai ensuite auprès de ce religieux de beaucoup d’autres choses et surtout des projets de Diego Velazquez et de Narvaez ; j’appris comment ils avaient organisé cette expédition contre moi, parce que j’avais envoyé la relation de ma conquête