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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/175

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liers et cent Espagnols ; les côtés étaient défendus par plus de dix mille guerriers sous les ordres de Aiutecatle et Teutepil, célèbres généraux tlascaltecs. À l’arrière-garde, marchaient cent autres Espagnols et huit chevaux accompagnés de dix mille autres guerriers dans leurs brillants costumes, sous les ordres de Chichimecatl, l’un des grands seigneurs de la république, ayant sous ses ordres divers autres capitaines. C’était lui qui, au départ, commandant l’avant-garde, protégeait les porteurs de planches, tandis que les deux autres chefs, à l’arrière, suivaient les porteurs des membrures. En arrivant sur les terres de Mexico, les maîtres charpentiers des brigantins firent passer les membrures à l’avant et les planches à l’arrière, parce que les membrures à l’avant causeraient moins d’embarras en cas d’une attaque, qui ne pouvait se produire qu’à l’avant. Mais Chichimecatl, qui escortait les planches à l’avant, prit pour un affront qu’on le mit à l’arrière, et l’on eut toutes les peines du monde à lui faire accepter ce poste, voulant être là, disait-il, où il y avait du danger. Il s’y résigna cependant, mais à la condition qu’il n’y resterait pas un Espagnol et qu’il voulait seul avoir l’honneur de braver le péril. Les capitaines tlascaltecs avaient en outre deux mille Indiens chargés de vivres.

C’est dans ce nouvel ordre que le convoi poursuivit sa route. Elle dura trois jours ; le quatrième, il fit son entrée dans la ville au son des tambours et je sortis pour le recevoir. Comme je le disais plus haut, la colonne avait une telle étendue que les gens de l’arrière ne pénétrèrent dans la ville que six heures après les premiers. À leur arrivée, je remerciai les capitaines tlascaltecs de tous les bons offices qu’ils m’avaient rendus ; je leur fis assigner des logements et donner tout ce dont ils avaient besoin. Ils me dirent qu’ils venaient dans le dessein de se mesurer avec les gens de Culua, que je devais songer que leurs Indiens et eux-mêmes venaient avec la ferme volonté de se venger des Mexicains ou de mourir avec nous. Je les remerciai, leur disant de se reposer d’abord et que bientôt je leur en donnerai les mains pleines. Après que les gens de Tlascala se furent reposés trois jours à Tezcoco, je fis réunir vingt-cinq chevaux, trois cents fantassins, cinquante arbalétriers et arquebusiers,