Aller au contenu

Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Mexico. Mais, jugeant sa présence inutile, Sandoval revint à Tezcoco ramenant avec lui les prisonniers qu’il avait gardés. Nous eûmes encore avec les Mexicains de nombreuses escarmouches et rencontres dont je ne parlerai pas pour éviter les redites.

Maintenant que la route de la Veracruz à Tezcoco était sûre, nous avions tous les jours des nouvelles de la côte, comme là-bas ils en avaient des nôtres. Je reçus donc de la villa un courrier qui amenait des arquebusiers, des arbalétriers et de la poudre, qui nous firent le plus grand plaisir. Peu de jours après, je reçus un autre courrier qui m’annonçait l’arrivée au port de trois navires qui m’amenaient des chevaux et des hommes que l’on promettait de m’expédier prochainement. Ce fut Dieu qui nous envoya miraculeusement ce secours dont nous avions tant besoin.

Très Puissant Seigneur, je me suis efforcé en toutes circonstances et de toutes manières de gagner l’amitié des gens de Mexico ; premièrement, pour que je n’eusse point à les détruire ; secondement, pour que nous puissions nous reposer de nos fatigues des guerres précédentes et principalement parce qu’en cela je croyais servir les intérêts de Votre Majesté. Partout où j’avais sous la main un citoyen de la ville, je le renvoyais à Mexico pour engager les gens à accepter la paix. Le mercredi saint, 27 de mars 1521, je fis venir disant moi les capitaines mexicains que les habitants de Chalco m’avaient livrés et je leur demandai si quelques-uns d’entre eux voulaient retourner à Mexico, chargés de ma part de prier leurs seigneurs de renoncer à la guerre et de se reconnaître sujets de Votre Majesté, comme ils l’étaient auparavant ; que pour moi, je ne désirais autre chose que leur amitié. Quoique redoutant qu’un tel message ne soulevât la colère de leurs concitoyens et qu’on ne les punît de mort, deux d’entre eux cependant acceptèrent la commission et demandèrent une lettre, car, quoique personne dans la ville ne pût la comprendre, ils savaient qu’entre nous c’était une recommandation et que les seigneurs mexicains leur prêteraient plus de créance. Je leur fis traduire le contenu de la lettre qui ne faisait que répéter ce que je leur avais dit et ils partirent, accom-