Aller au contenu

Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par plus de vingt mille guerriers de nos amis. Les gens de ce village m’ayant averti que les Mexicains m’attendaient dans une plaine au delà, j’ordonnai que tous mes gens fussent prêts au petit jour ; après avoir entendu la messe, nous nous mîmes en route. Je pris la tête avec vingt cavaliers, j’en envoyai dix à l’arrière-garde et nous passâmes en cet endroit un défilé entre des montagnes agrestes. Vers les deux heures, nous arrivâmes au pied d’un piton très élevé à pentes rapides, dont le sommet était couvert de femmes et d’enfants et dont les pentes étaient garnies de gens de guerre. Ils nous accueillirent avec leurs hurlements accoutumés et nous couvrirent de pierres lancées avec des frondes ou à la main, de flèches et de dards, blessant un grand nombre d’entre nous.

Nous savions bien que les ennemis n’avaient pas osé nous attendre en rase campagne, et quoique nous eussions pu prendre une autre route, je craignis de donner une preuve de faiblesse, en passant sans infliger aux Mexicains une bonne leçon. Et pour que nos alliés indiens ne pussent croire à quelque défaillance de ma part, je voulus examiner les alentours de la colline qui embrassaient plus d’une lieue ; les abords en étaient si difficiles, que cela paraissait pure folie que vouloir enlever la place de vive force. Je pouvais, il est vrai, cerner la colline et affamer sa garnison, mais je ne pus m’y résoudre. Je résolus donc de tenter l’assaut par trois côtés que j’avais remarqués ; j’ordonnai à Cristobal Corral, lieutenant d’un bataillon de soixante fantassins, que j’avais toujours sous la main, de se charger avec sa compagnie du côté le plus inabordable ; il devait être soutenu par des arbalétriers et arquebusiers ; je donnai ordre aux capitaines Juan Rodriguez de Villafuerte et Francisco Verdugo d’attaquer avec leurs hommes le second côté et à Pedro Dircio et Andrés de Monjaras, capitaines, de se charger du troisième. Au signal que je donnerai par un coup d’escopette, tous devaient se précipiter à l’assaut et vaincre ou mourir.

Au signal convenu, ils partirent, enlevèrent les premières marches de la colline, mais ne purent passer au delà tant la pente était rapide et les aspérités rugueuses. Les ennemis les couvraient de quartiers de rocs qui se brisant faisaient à mes