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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/188

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plusieurs de nos alliés indiens y moururent. À sept lieues plus loin nous campâmes dans quelques fermes : le matin, nous poursuivons notre marche et nous arrivons en vue d’une grande ville appelée Xuchimilco qui est construite sur la lagune d’eau douce ; les habitants avertis de notre arrivée avaient élevé des barricades, creusé des fossés et levé les ponts de toutes les chaussées qui menaient à la ville qui se trouve à trois ou quatre lieues de Mexico ; et la garnison, composée d’une multitude de guerriers éprouvés, était résolue à se bien défendre ou à mourir.

Arrivés devant la place, et mes hommes à leurs postes de combat, je mis pied à terre, et m’avançai jusqu’à une barricade garnie de gens de guerre ; mes arquebusiers et mes arbalétriers leur tuant beaucoup de monde, ils se retirèrent ; les Espagnols se jetèrent dans l’eau, passèrent à la nage et atteignirent la terre ferme ; en une demi-heure, nous nous emparâmes de la moitié de la ville, tandis que les ennemis dans leurs canoas nous combattirent jusqu’à la nuit. Les uns se retiraient pendant que d’autres nous tenaient tête, et ils renouvelèrent ce stratagème tant de fois que nous tombâmes dans le panneau ; car ils agissaient ainsi, pour deux raisons, pour enlever de leurs maisons tout ce qu’ils pouvaient sauver et pour donner aux Mexicains le temps de venir à leur secours. Ce jour-là, ils nous tuèrent deux Espagnols qui s’étaient débandés pour piller et que nous ne pûmes secourir. Dans la soirée, les Indiens cherchèrent à nous couper la retraite de manière à nous prendre tous, et se réunissant en masses, ils se portèrent à l’arrière sur le chemin que nous avions suivi pour pénétrer dans la ville ; en les voyant si subitement, nous fûmes effrayés de leur audace et de leur agilité et, me trouvant plus à portée, six de mes cavaliers et moi, nous nous jetâmes au milieu d’eux. La terreur qu’ils avaient des chevaux les mit en fuite. Nous les poursuivîmes en dehors de la ville, en laissant un grand nombre sur le carreau ; courant nous-mêmes de grands dangers, car, pleins de bravoure, ces Indiens s’élançaient au-devant des chevaux, le bouclier et l’épée à la main. Comme nous nous trouvions dans une affreuse mêlée, mon cheval s’abattit de