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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/189

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fatigue. Me voyant à pied, les ennemis revinrent sur moi ; je les contenais avec ma lance, lorsqu’un Indien de Tlascala me voyant en si grand péril vint à mon secours et avec l’aide d’un de mes domestiques qui arriva juste à point, ils réussirent à relever mon cheval ; sur ces entrefaites, mes Espagnols arrivèrent et l’ennemi se retira. Alors, comme nous étions tous très fatigués, nous rentrâmes dans la ville. Quoiqu’il fît presque nuit et qu’il était temps de reposer, j’ordonnai que toutes les tranchées d’où les ponts avaient été enlevés fussent comblées avec des pierres et des briques, de manière que les chevaux pussent entrer et sortir sans difficulté de la ville. Je ne quittai les lieux que lorsque je vis que tous les mauvais pas étaient parfaitement aplanis, et nous passâmes la nuit faisant bonne garde.

Les gens de Mexico, sachant que nous étions à Xuchimilco, résolurent de nous attaquer avec de grandes forces, par terre et par eau, et de cerner la place espérant que nous ne pourrions pas leur échapper. Pour moi, je montai sur l’une des pyramides pour voir arriver les ennemis, savoir de quel côté ils nous attaqueraient et donner mes ordres en conséquence. Quand j’eus donné mes ordres, nous vîmes venir à nous une flotte d’au moins deux mille canoas portant plus de douze mille hommes, pendant que par terre s’avançait une multitude qui couvrait la plaine. Les capitaines qui marchaient en avant avaient en mains de nos épées qu’ils brandissaient en criant Mexico ! Mexico ! Tenochtitlan ! Tenochtitlan ! Ils nous jetaient des injures, disant qu’ils nous tueraient avec ces mêmes épées qu’ils nous avaient prises quand ils nous chassèrent de la ville. J’avais assigné un poste à chacun de mes lieutenants, et comme du côté de la terre ferme les ennemis étaient plus nombreux, je chargeai de leur côté à la tête de vingt cavaliers et cinq cents Indiens de Tlascala : nous nous divisâmes en trois pelotons et j’ordonnai à chacun, après avoir dispersé les ennemis, de se réunir au pied d’une colline qui se trouvait à une demi-lieue de là, et où ces derniers s’étaient réunis en grand nombre. Chaque escadron poursuivit l’ennemi de son côté, et après l’avoir défait et lui avoir tué beaucoup de monde, nous nous retrouvâmes au pied de la col-