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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/219

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suivîmes la chaussée et nous entrâmes dans la ville, où je répartis mes gens de la manière suivante : parmi les rues que nous occupions, il y en avait trois qui conduisaient au Marché, que les Indiens appellent tianguiz, tandis que cette partie de la ville se nommé Tlaltelolco. La rue principale était l’une de ces trois, qui conduisait au marché. Je confiai cette rue au trésorier et au maître des comptes de Votre Majesté ; ils devaient y pénétrer avec soixante-dix hommes et plus de vingt mille Indiens de nos alliés en laissant à l’arrière-garde sept ou huit chevaux ; je leur recommandai de détruire les barricades, et de bien combler les tranchées au fur et à mesure qu’ils s’en empareraient et je leur avais donné une douzaine d’hommes armés de pioches accompagnés d’un grand nombre d’Indiens chargés spécialement de cette besogne.

Les deux autres rues, qui vont de Tacuba au Marché, sont plus étroites et coupées d’un plus grand nombre de ponts et de tranchées. J’ordonnai à deux de mes lieutenants d’enfiler la plus large avec quatre-vingts hommes et plus de dix mille Indiens de nos amis et je laissai au commencement de cette rue deux pièces d’artillerie et huit chevaux pour assurer les derrières de la colonne.

Pour moi je pris la plus étroite de ces rues, avec huit chevaux, cent fantassins, dont vingt-cinq arquebusiers et arbalétriers et une multitude de nos amis. Je fis arrêter les cavaliers à l’ouverture de la rue et je leur recommandai de rester là et de ne venir me rejoindre que sur un ordre formel de ma part. Puis je mets pied à terre et nous arrivons à une barricade qui défendait un pont ; les arquebusiers et les arbalétriers, appuyés par une petite pièce de campagne, l’enlevèrent en peu d’instants, et nous poussons en avant sur une chaussée coupée en deux endroits. En dehors de ces trois attaques données par nous à la ville, le nombre de nos alliés indiens qui pénétraient de toutes parts dans Mexico et envahissaient les plates-formes des maisons, était si considérable qu’il semblait que rien ne pût nous résister. Après nous être emparés de ces deux ponts et de deux barricades, pendant que les Espagnols occupaient la chaussée, nos Indiens s’enfoncèrent dans la rue sans prendre aucune