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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/218

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Pedro de Alvarado que le jour suivant, nous devions pénétrer dans Mexico et nous efforcer d’occuper le Marché ; je leur écrivis pour leur mander ce qu’ils auraient à faire du côté de Tacuba ; en outre, et pour donner plus de précision à mes ordres, je leur envoyai deux de mes serviteurs pour leur communiquer tous les détails de l’affaire.

J’ordonnai donc à Sandoval de se rendre auprès de Pedro de Alvarado avec dix cavaliers, cent fantassins, quinze arbalétriers et arquebusiers et qu’il laissât dans le camp dix autres cavaliers, en leur disant que l’attaque générale devait avoir lieu le lendemain ; que ces cavaliers se missent en embuscade derrière certaines maisons, qu’ils fissent enlever leurs bagages comme s’ils abandonnaient le camp, afin que les Mexicains les suivissent et donnassent dans le piège. Gonzalo de Sandoval, avec ses trois brigantins, et Pedro de Alvarado, avec les trois autres, devaient s’efforcer d’occuper la grande tranchée où Alvarado avait été défait et mettre toute diligence à la combler ; ils devaient marcher en avant, mais en ayant soin de combler chaque tranchée nouvelle qu’ils occuperaient, et que, s’ils pouvaient sans trop de risques arriver jusqu’au Marché, ils y fissent leur possible, puisque j’avais le même objectif ; qu’ils considérassent bien, que je ne les obligeais point à s’emparer à tout hasard d’un passage où ils pourraient éprouver une défaite. Je prenais soin de les prévenir, parce que, les connaissant, je savais que sur un ordre de moi, ils eussent exposé leur vie. Mes courriers trouvèrent Gonzalo de Sandoval et Pedro de Alvarado dans leur camp où ils leur expliquèrent ce qui avait été convenu. Comme ils n’avaient à combattre que sur un seul point et moi sur plusieurs, je les priai de m’envoyer soixante-dix à quatre-vingts hommes pour renforcer ma troupe ; ils vinrent ce même soir me rejoindre avec mes deux serviteurs comme je l’avais demandé.

Mes ordres étant donnés, le jour suivant, nous quittâmes le camp après avoir entendu la messe ; les sept brigantins étaient accompagnés de plus de trois mille canoas de nos alliés ; j’étais à la tête de vingt-cinq chevaux, de toute mon infanterie et des soixante-dix soldats qu’on m’avait envoyés de Tacuba. Nous