Aller au contenu

Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cependant en tuèrent encore trois ou quatre, et ces malheureux comprirent un peu tard, qu’on ne les avait pas reconnus. Comme les ennemis ne nous avaient pas attendus, les Espagnols résolurent de s’en retourner passant par un de leurs villages qui s’était également révolté ; mais en présence d’une telle armée ils vinrent demander la paix. Sandoval fit venir le cacique, lui dit que je pardonnais volontiers à tous ceux qui se déclaraient sujets de Sa Majesté quelles que fussent leurs fautes, qu’il le priait donc de s’entendre avec les gens de Temascalcingo afin qu’ils fissent leur soumission ; il promit de le faire et de m’amener aussi ceux de Malinalco. Après quoi le grand alguazil revint à nos quartiers victorieux.

Ce jour-là, quelques Espagnols guerroyaient avec les Mexicains, lorsqu’ils nous demandèrent de leur envoyer notre interprète pour traiter de la paix ; mais ils ne la voulaient qu’à une condition : c’était que nous quitterions le pays. Ces pourparlers n’avaient qu’un but, c’était d’obtenir quelques jours de repos qui leur eussent permis de se refaire et de s’approvisionner des choses qui leur manquaient. Jusqu’à ce jour, nous n’avions jamais pu obtenir la moindre trêve. Tandis que nous nous entretenions avec eux, fort près les uns des autres, car nous n’étions séparés que par une tranchée fort étroite, un vieux Mexicain sortit tranquillement de son sac quelques vivres, qu’il se mit à manger, pour nous prouver qu’ils avaient tout en abondance, parce que nous leur disions qu’ils mouraient de faim. Nos alliés indiens nous assuraient que ces ouvertures de paix étaient fausses et qu’il ne fallait leur accorder ni trêve, ni repos ; ce jour-là cependant on ne se battit pas, parce que les chefs mexicains juraient à mon interprète qu’ils étaient de bonne foi.

Quatre jours après le retour de Sandoval de Temascalcingo, les caciques de cette ville, ceux de Malinalco et de la province de Cuisco, qui est riche et puissante, et qui s’était révoltée, arrivèrent à mes quartiers pour faire leur soumission, promettant de me servir fidèlement ; ils le firent et l’ont fait jusqu’à ce jour.

Pendant que le grand alguazil était à Temascalcingo, les