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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/229

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Mexicains en profitèrent pour tomber la nuit sur le camp d’Alvarado ; ils arrivèrent à quatre heures du matin ; les sentinelles, piétons et cavaliers qui les aperçurent donnèrent l’alarme et les gardes avancées engagèrent le combat. En voyant les chevaux, les Mexicains se jetèrent dans la lagune ; pendant ce temps nos hommes étaient arrivés qui se battirent avec eux pendant plus de trois heures ; de notre côté, ayant entendu le bruit du canon et craignant que nos amis fussent défaits, je fis armer mes gens pour entrer dans la ville, afin d’opérer une diversion en faveur d’Alvarado, mais les Mexicains ayant trouvé les Espagnols sur leurs gardes revinrent dans la ville où nous arrivions pour les attaquer.

En ce moment, ceux qui avaient été blessés lors de notre grande défaite étaient guéris et il était arrivé à la Villa Rica de la Veracruz un navire de Juan Poncé de Léon qui revenait battu des côtes de la Floride ; mes gens de la Villa m’envoyèrent de la poudre et des arbalètes dont nous avions le plus grand besoin ; et puis, grâces à Dieu, nous n’avions plus un seul Indien, par toute la terre à la ronde, qui ne fût un allié ; et voyant comment les Mexicains se montraient rebelles à toute négociation et persévéraient dans cette indomptable résolution de mourir, je ne savais plus quelles mesures prendre avec eux pour nous éviter les dangers du siège et pour sauver d’une destruction complète cette ville de Mexico qui était une des plus belles du monde. Et cela ne nous servait de rien de leur dire que nous, par terre et les brigantins par terre et par eau, nous ne cesserions de les attaquer ; que nous avions défait et soumis les Indiens de Temascalcingo et ceux de Malinalco ; que, par conséquent, ils n’avaient plus à attendre de secours de personne ; qu’ils n’avaient plus ni maïs, ni viande, ni fruits ; qu’ils manquaient de toute espèce d’aliments ; plus nous leur répétions ces choses et moins ils montraient de faiblesse, et dans nos rencontres et dans nos combats nous les trouvions plus courageux que jamais.

Devant l’impossibilité de toute transaction, et songeant que le siège durait depuis quarante-cinq jours, je résolus de prendre pour notre sûreté une mesure radicale et ce fut de détruire,