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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/232

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de croire que nous avions pris la fuite. Ce même soir, j’envoyai un courrier à Sandoval pour lui dire de m’amener avant le jour quinze cavaliers pris parmi les siens et ceux d’Alvarado.

Sandoval arriva le matin avec les quinze chevaux, j’en avais déjà vingt-cinq de Culuacan, ce qui m’en faisait quarante ; je commandai à dix d’entre eux de sortir de bon matin avec nos gens, et qu’avec les brigantins ils s’en allassent attaquer les Mexicains et démolir autant de maisons qu’ils pourraient, parce qu’alors, quand ils opéreraient leur retraite, je partirais avec mes treize chevaux ; il fallait donc qu’ils profitassent de la mêlée pour enfermer les ennemis dans les maisons au milieu de l’eau, qu’ils les y maintinssent jusqu’à l’heure de la retraite, où je me mettrai en embuscade derrière les palais. Ils firent comme je leur avais demandé ; à une heure de l’après-midi, je filai avec trente chevaux et je les dissimulai derrière les palais ; alors je montai sur la pyramide et pendant que j’étais là, certains de mes gens découvraient une tombe où ils trouvèrent pour plus de quinze cents castellanos d’or. L’heure de la retraite étant sonnée, j’ordonnai qu’on se retirât avec les plus grandes précautions, et que les cavaliers apparussent, mais comme s’ils n’eussent osé attaquer, et qu’ils fissent cette manœuvre quand les Mexicains se seraient réunis aux alentours de la place et dans la place, tous étaient impatients de marcher. Mes troupes, cavaliers et fantassins se retiraient donc de la grande place suivis par nos alliés qui étaient au courant du stratagème ; et les Mexicains se précipitaient sur eux avec de tels cris de joie, qu’ils semblaient avoir remporté la plus grande victoire ; les neuf cavaliers se jetèrent sur eux et se retirèrent comme effrayés, ils firent par deux fois cette manœuvre, qui enflamma les ennemis à tel point, qu’ils se précipitèrent sur les talons des chevaux et qu’ils arrivèrent jusqu’au débouché de la rue où se trouvait l’embuscade ; quand nous vîmes les Espagnols passer devant nous, et que nous entendîmes le coup d’escopette qui devait servir de signal, nous connûmes qu’il était temps d’agir, et au cri de Santiago, nous tombâmes au milieu d’eux, les perçant de nos lances, les bousculant, et en jetant une foule par terre que nos alliés achevaient, de sorte qu’il en périt en cette