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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/231

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maisons et à combler les canaux au fur et à mesure que nous nous en emparions, et comme ce jour-là, nous avions plus de cent cinquante mille Indiens alliés, nous fîmes une grosse besogne. Les brigantins de leur côté, avec les canoas de nos amis, causèrent de grands dommages à la ville, et le soir nous rentrâmes tous nous reposer.

Le jour suivant nous entrâmes à Mexico dans le même ordre ; et arrivés à la place, près de la grande pyramide avec son temple, j’ordonnai à mes lieutenants de combler tous les canaux et aplanir les mauvais passages, et à nos alliés indiens, de brûler et démolir les maisons pendant que d’autres se battaient avec les Mexicains et que la cavalerie veillait à l’arrière-garde. Alors, je me transportai sur le plus haut des temples, car rien ne les irritait plus que de m’y voir ; de là, j’encourageais mes hommes et leur indiquais où ils devaient se porter au secours de leurs camarades, car à tour de rôle, Espagnols et Mexicains avançaient et reculaient, auquel cas, les premiers étaient immédiatement secourus par nos cavaliers, ce qui leur donnait une nouvelle ardeur pour se jeter sur les ennemis. Nous pénétrâmes dans la ville, cinq ou six jours de suite, de la même manière, et chaque jour en nous retirant, nous laissions nos alliés à l’avant, soutenus par des Espagnols dissimulés derrière les maisons avec quelques chevaux en arrière-garde, de façon que chaque soir nous percions quelques ennemis de nos lances. L’un de ces jours, il y avait sur la place sept ou huit de nos cavaliers, attendant la sortie des Mexicains ; ne voyant personne, ils se retiraient ; les ennemis craignant les coups de lance dont ils avaient été si souvent victimes, s’étaient réfugiés sur les murs et les plates-formes des maisons ; et lorsque mes hommes, huit ou neuf en tout, revenaient de leur côté, ne pouvant les atteindre, ils furent obligés de se retirer ; ce que voyant, les Mexicains exaltés par ce semblant de victoire, les accablèrent de projectiles et nous blessèrent deux chevaux. Cette affaire me donna l’idée de leur dresser une embuscade, dont je parlerai à Votre Majesté. Ce jour-là, nous regagnâmes nos quartiers vers le tard, laissant bien comblée et aplanie toute la partie de la ville ne nous avions conquise et les Mexicains très glorieux