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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/234

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chaient la nuit et venaient dans la partie de la ville en notre pouvoir, chercher du bois, des herbes et des racines pour les manger. Comme nous avions comblé une partie des canaux et aplani les mauvais pas, je résolus ce jour-là d’entrer à Mexico de très bonne heure, pour y faire tout le mal que nous pourrions. Les brigantins partirent avant le jour, et moi, avec quinze chevaux, cent fantassins et nos alliés, nous entrâmes précédés de quelques espions, qui, le jour venu, me firent signe d’avancer. Nous tombâmes sur une grande foule, composée de malheureux affamés qui s’en allaient en quête de vivres ; la plupart étaient sans armes, en grande partie des femmes et des enfants ; ce fut un massacre, nous en tuâmes plus de huit cents ; de leur côté, les brigantins s’emparèrent d’une foule de gens en canoas qui péchaient dans la lagune, auxquels ils firent beaucoup de mal. Comme les principaux habitants et les capitaines nous virent occuper leur ville à une heure inaccoutumée ils en demeurèrent aussi épouvantés que de notre fameuse embuscade ; aucun d’eux n’osa venir à notre rencontre et nous rentrâmes dans nos camps avec des vivres à foison pour nos amis.

Le jour suivant, de bonne heure, nous étions à Mexico et nos amis admirant la méthode et l’ordre que nous observions dans la destruction de la ville accouraient en nombre immense pour nous aider. Ce jour-ci nous conquîmes la chaussée de Tacuba dont nous comblâmes tous les mauvais pas, de sorte que Pedro de Alvarado pouvait communiquer avec nous à travers la ville et par la rue principale qui conduisait au Marché. Nous nous emparâmes encore de deux ponts dont les tranchées furent comblées et nous détruisîmes le palais du seigneur de la ville, un jeune homme de dix-huit ans appelé Guatimozin, qui était le second empereur de Mexico, depuis la mort de Muteczuma. Les Indiens avaient une forte garnison dans ce palais, qui était grand, fortifié et entouré d’eau. Nous prîmes encore deux autres ponts, dans des rues qui avoisinent le Marché, et nous comblâmes diverses tranchées de manière que nous occupions les trois quarts de la ville et que les Mexicains ne possédaient plus que le côté le plus fort composé de palais entourés d’eau.

Le jour suivant, jour de l’apôtre Santiago, nous entrâmes à