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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/254

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examinassent et fissent au mieux pour le service de Votre Majesté et l’intérêt de la colonie.

Ayant rencontré le sieur Tapia en route pour Mexico en compagnie du moine Pedro, ils l’engagèrent à s’en retourner ; tous alors revinrent à Cempoal où Cristobal de Tapia présenta les pouvoirs de Votre Majesté devant lesquels ils s’inclinèrent tous avec le respect qui se doit aux ordres de Votre Majesté ; quant à l’exécution de ces ordres, ils firent devant Votre Altesse les mêmes protestations touchant les intérêts que cela pourrait compromettre, comme je l’ai déjà expliqué ci-dessus, et ils en firent dresser procès-verbal par le notaire public. Après plusieurs autres réclamations et actes divers passés entre mes chargés de pouvoir et le commissaire général, celui-ci s’embarqua sur le navire qui l’avait amené ainsi que tous le lui avaient conseillé ; parce que sa présence seule et le bruit répandu qu’il venait comme gouverneur et capitaine général de ces contrées avait déjà jeté le trouble parmi les Indiens.

Les gens de Mexico s’étaient entendus avec les naturels de différentes provinces pour se soulever et nous écraser tous à la fois, et si la conjuration eût réussi, nous tombions dans un état pis que jamais. Il avait donc été convenu, entre les Indiens de Mexico et ceux de la province que Sandoval était allé pacifier, qu’on viendrait me trouver en toute hâte pour m’annoncer qu’une vingtaine de navires croisaient sur la côte, chargés de troupes mais n’osant aborder ; que ce ne pouvaient être que des ennemis, et que si je voulais m’assurer du fait ils seraient prêts à me suivre comme alliés. Pour me convaincre, ils m’apportaient une carte où les navires se trouvaient dessinés. Comme toutes ces communications me furent faites en secret, je compris qu’elles étaient fausses, et qu’on cherchait à m’attirer en dehors de la province. Les principaux conjurés avaient su que je devais quitter Mexico et, me voyant y rester, avaient imaginé ce moyen pour m’en éloigner. Je dissimulai pour le moment, mais plus tard je fis arrêter les plus compromis, de manière que l’arrivée de Tapia, son ignorance des gens et des choses causa de grands troubles et sa présence y eût causé le plus grand mal si Dieu n’y eût remédié. Il eût rendu de bien plus grands services à