Aller au contenu

Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Votre Majesté dans l’île Espagnola, en retardant sa venue, en consultant Votre Majesté après lui avoir exposé l’état des choses, qu’il devait connaître par les navires que j’avais envoyés dans l’île pour demander du secours. Il savait pertinemment que nous avions déjà paré au scandale produit par l’arrivée de la flotte de Narvaez qui m’avait été dûment expédiée par les gouverneurs et le conseil royal de Votre Majesté.

L’amiral, les juges et officiers de Votre Majesté qui résident en cette île Espagnola, avaient notamment insisté pour que le sieur Tapia retardât son départ pour la Nouvelle-Espagne jusqu’à ce que Votre Majesté fût informée de tout ce qui s’y était passé ; et en effet, ils l’avaient empêché de partir. Mais lui, reprenant l’affaire en sous-œuvre, poussé par son intérêt propre, plus que par celui de Votre Majesté, réussit à faire lever l’interdiction et autoriser son départ. J’expose tous ces détails à Votre Majesté parce que, quand le sieur Tapia s’embarqua, nous ne fîmes aucune relation, car en vérité, nous n’aurions pu le charger de nos lettres ; il faut aussi que Votre Majesté sache bien que nous avons agi pour le mieux de ses intérêts en refusant de recevoir le sieur Tapia, comme je le prouverai plus clairement, toutes et quantes fois il sera nécessaire.

Dans un précédent chapitre, j’ai dit à Votre Majesté comment le lieutenant que j’avais envoyé dans la province d’Oaxaca pour en faire la conquête, avait réussi et pacifié cette contrée, et qu’il était là-bas attendant mes ordres. Ayant besoin de lui comme alcade et lieutenant de la ville Segura de la Frontera, je lui dis de revenir et de remettre à Pedro de Alvarado les quatre-vingts hommes de pied et les dix chevaux que je lui avais donnés, pour qu’il allât conquérir la province de Tuxtepec qui se trouve à quarante lieues d’Oaxaca sur la mer du sud, dont les habitants nous avaient déclaré la guerre et faisaient beaucoup de mal à ceux qui s’étaient donnés pour sujets de Votre Majesté, ainsi qu’à leurs voisins de Tehuantepec, qui nous avaient laissé passer sur leurs terres, pour découvrir la mer du sud.

Pedro de Alvarado partit de Mexico le 31 janvier de cette année ; les troupes que je lui confiai, jointes à celles d’Oaxaca, se montaient à quarante chevaux, deux cents fantassins, dont