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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/262

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saux et sujets de Votre Altesse. De plus, j’avais appris qu’à l’embouchure d’une grande rivière qui se jette à la mer, il y avait un fort bon port pour les navires. Ordas s’en était assuré en en faisant le tour ; le pays lui avait paru tout à fait propre à l’établissement d’une colonie ; et par suite de manque de havres sur cette côte, je désirais vivement en trouver un et y fonder une ville.

J’ordonnai donc à Gonzalo de Sandoval d’entrer dans la province, en se faisant précéder d’agents que je lui envoyai, chargés de dire aux habitants que le grand alguazil se rendait chez eux d’après mes ordres, et de leur demander s’ils se donnaient encore pour nos amis et les serviteurs de Votre Majesté. Ils devaient leur dire que la guerre que j’avais eue avec Mexico et ses alliés m’avait tellement occupé, que je n’avais pas eu le temps d’envoyer personne les visiter de ma part ; mais que je les considérais toujours comme des amis et fidèles sujets de Votre Majesté, et que, comme tels, ils me trouveraient toujours prêts à les aider en quelques difficultés qu’ils se trouvassent, et que je leur envoyais de mes gens pour s’établir dans le pays. Sandoval et sa troupe se mirent en route et firent ce que je leur avais mandé ; mais loin de trouver ces gens dans les mêmes dispositions, ils se heurtèrent à des hommes de guerre qui leur défendirent l’entrée du pays. Grâce à l’habileté de Sandoval l’affaire fut presque immédiatement terminée ; car, dans un assaut de nuit, s’étant emparé d’un village, il y fit prisonnière une princesse à qui tout le monde obéissait. Celle-ci fit appeler les caciques et leur ordonna de faire tout ce que je commanderai de la part de Votre Majesté.

Mes hommes arrivèrent donc au Goatzacoalco et ils fondèrent à quatre lieues de l’embouchure de cette rivière, faute d’emplacement meilleur, une ville qu’ils appelèrent Espiritu Santo, où le grand alguazil séjourna jusqu’à ce qu’on eût pacifié et amené à l’obéissance de Votre Majesté Catholique, d’autres provinces environnantes, à savoir, la province de Tabasco sur le Grijalva, celle de Chimatlan, de Quechula, de Quezaltepec et autres de moindre importance dont je ne parlerai pas. Les Indiens de ces localités se mirent à la disposition des Espagnols, les ont servis