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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/27

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Ce fut ainsi que le capitaine les rassura ; et ces Indiens, perdant une partie de leurs craintes, répondirent qu’ils iraient à la recherche des caciques dans les bois. Le capitaine leur remit alors une lettre comme gage de sécurité pour les caciques, accordant aux messagers un laps de cinq jours pour remplir leur mission.

Cortes attendit vainement le retour des Indiens ; trois ou quatre jours passèrent en dehors des cinq qu’il leur avait accordés sans qu’il reçût aucune nouvelle des caciques ; il résolut alors d’aller à leur recherche. Il envoya donc deux de ses lieutenants avec une centaine d’hommes chacun, pour explorer l’île, l’un jusqu’à la pointe du nord, l’autre jusqu’à la pointe du sud, avec ordre de faire entendre aux caciques qu’il les attendait dans ce village de Saint-Jean-de-Porte-Latine, pour leur parler de Vos Majestés, et avec recommandation de les ramener coûte que coûte à ce port de Saint-Jean, mais avec défense formelle de leur faire aucun mal et de ne les blesser ni dans leurs personnes ni dans leurs biens, pour ne point augmenter leur frayeur.

Les deux lieutenants s’en allèrent où le capitaine Cortes les envoyait ; ils revinrent quatre jours après, disant qu’ils avaient trouvé tous les villages déserts, mais ramenant avec eux une douzaine de prisonniers parmi lesquels se trouvait un Indien des plus influents, que Cortes engagea vivement à lui ramener les caciques qu’il tenait à voir et qu’il ne partirait pas sans les avoir entretenus. L’Indien accepta la commission, partit et revint au bout de deux jours avec l’un de ces caciques, qui se disait le premier de l’île de Cozumel et qui lui demanda ce qu’il voulait.

Le capitaine lui répondit qu’il ne venait pas dans l’intention de leur faire aucun mal, mais pour les engager à accepter les doctrines de notre sainte religion ; il ajouta que nous avions pour seigneurs les plus grands princes du monde, qui étaient eux-mêmes les sujets d’un prince plus grand encore et qu’il ne demandait aux caciques et aux Indiens rien autre que d’obéir à Vos Altesses, ce qui leur attirerait toute espèce de biens et empêcherait que dorénavant personne leur fit aucun mal. Le cacique trouva que cela était bien, et il envoya