Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/276

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j’avais entendu parler sous le nom de Utatlan et Guatemala. Ces Espagnols m’amenaient plus d’une centaine d’habitants de ces deux villes, chargés par leurs caciques de se déclarer sujets et vassaux de Votre Impériale Majesté. Je les reçus en votre nom royal et je les assurai que s’ils restaient fidèles à leur promesse, moi et les miens nous efforcerions de les protéger et de les servir : puis je leur fis présent pour eux et leurs maîtres de divers de nos produits d’Espagne qu’ils tiennent pour précieux. Quand ils partirent, je les fis accompagner par deux Espagnols pour que pendant leur voyage on leur donnât tout ce dont ils pourraient avoir besoin.

Je reçus à cette époque des nouvelles de mes Espagnols de la province de Soconusco ; ils me disaient que les villes et provinces, ainsi que celle de Chiapas qui leur est voisine, ne semblaient plus dans les mêmes dispositions bienveillantes à notre égard ; qu’au contraire, elles s’étaient liguées contre le Soconusco, parce que les habitants étaient de nos amis. D’autre part, on me disait que les révoltés envoyaient des courriers pour se disculper à mes yeux, rejetant leurs fautes sur d’autres Indiens. Pour m’assurer de la vérité, j’envoyai sur les lieux Pedro de Alvarado avec quatre-vingts chevaux et deux cents fantassins, des arquebusiers, des arbalétriers et quatre pièces de campagne avec beaucoup de poudre et de munitions. J’organisai en même temps une flottille sous le commandement de Cristobal de Oli, que j’envoyai sur la côte nord pour fonder une colonie à la pointe de Hibueras, qui se trouve à soixante lieues de la baie de l’Ascension, au delà du Yucatan, du côté de la terre ferme et du Darien, où l’on dit la contrée riche et où les pilotes affirment que l’on doit trouver un passage à la mer du sud, ce que je désirerais le plus au monde, à cause des avantages inappréciables qui en résulteraient pour le service de Votre Majesté.

Au moment où ces deux capitaines étaient prêts à partir, je reçus de chacun d’eux un message de Santisteban del Puerto que j’avais fondé sur la rivière Panuco, message par lequel les alcades me faisaient savoir que le gouverneur Francisco de Garay était arrivé au Panuco avec cent vingt chevaux, quatre cents fantassins et une nombreuse artillerie ; qu’il se donnait