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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/279

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Vers ce temps, Très Puissant Seigneur, les navires de Francisco de Garay restaient ancrés à l’embouchure de la rivière Panuco, comme une menace aux habitants de la ville de Santisteban que j’avais fondée à trois lieues en amont, où se rendent tous les navires qui arrivent à ce port ; ce que voyant, Pedro de Valléjo, mon représentant dans cette ville, voulant parer aux inconvénients que pouvait susciter la singulière conduite de ces navires, engagea les capitaines et pilotes à se rendre au port afin que les Indiens ne pussent croire à un malentendu, et que, s’ils avaient des pouvoirs de Votre Majesté pour s’établir en cet endroit, ils voulussent bien les lui montrer, les assurant qu’il s’y conformerait en toutes choses. Les capitaines et pilotes répondirent évasivement, se refusant à faire ce que leur demandait mon lieutenant. Sur quoi, il leur adressa une sommation, d’avoir sous peine de représailles à se conformer à sa première demande. Ceux-ci se bornèrent à faire à cette sommation la même réponse.

Alors, deux pilotes de la flotte, nommés l’un Castromocho et l’autre Martin de San Juan, Guipuzcoin, voyant que le séjour des capitaines et de leurs navires dans les parages de la ville, soulevait des troubles parmi les Espagnols, comme parmi les Indiens des environs, envoyèrent secrètement un message à mon lieutenant pour lui dire qu’ils désiraient la paix et se tenaient prêts à obéir à des ordres qu’ils croyaient justes ; qu’ils le priaient de passer à bord de leurs navires, qu’ils s’y mettraient à sa disposition, ajoutant qu’ils s’engageaient à entraîner les autres navires dans la même voie de soumission. À cette nouvelle, mon lieutenant résolut de se rendre à bord des vaisseaux, accompagné de cinq hommes seulement ; il y fut reçu par les pilotes avec toutes déférences et de là, il envoya à Juan de Grijalva, général de la flotte qui résidait dans la galère capitane, sommation d’avoir à se soumettre à tous les ordres qu’il lui avait déjà communiqués.

Le général, loin d’obéir, ordonna aux autres navires de se joindre à lui, de préparer leurs pièces d’artillerie et de couler les deux vaisseaux qui s’étaient rendus aux ordres de mon lieutenant ; le commandement de Grijalva fut fait à haute voix,