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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/283

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vertu des pouvoirs que Votre Majesté daigna me conférer, m’autorisant à chasser du pays toute personne nuisible à ses intérêts, j’ordonnai l’expulsion de la Nouvelle-Espagne de Gonzalo Figuéroa, Alonzo de Mendoza, Antonio de la Cerda, Juan de Avila, Lorenzo de Ulloa, Taborda, Juan de Grijalva, Juan de Médina et… qui trouvèrent ma lettre d’expulsion au village de Cicoaque. Dans cette lettre, je disais à Francisco de Garay, combien je me réjouissais de sa venue à Mexico, où nous pourrions nous entendre sur toutes choses, et où, conformément à ses désirs, je ferais mon possible pour l’expédier dans les meilleures conditions.

J’eus soin que, pendant son voyage, on eût pour lui tous les égards, ordonnant aux caciques des villages de pourvoir à tous ses besoins. À son arrivée à Mexico, je l’accueillis de la meilleure grâce, m’empressant à lui être agréable de toutes façons, le traitant comme un frère. J’éprouvais, en effet, la plus grande contrariété de la perte de ses navires et de la désertion de ses hommes, et je lui offrais en toute conscience, de faire mon possible pour remédier à cet état de choses. Comme Francisco de Garay avait à cœur le mariage de son fils avec ma fille, il insistait chaque jour pour que nous en terminions. Voyant combien ce projet lui souriait, et pour lui faire plaisir, je l’assurais que j’étais tout à sa disposition, sur quoi, avec le consentement des deux parties et avec force serments (mais avec réserve de l’adhésion de Votre Majesté), la chose fut conclue. De sorte que, en dehors de notre ancienne amitié, nous nous trouvâmes liés par nos contrats mutuels et les engagements que nous avions pris pour nos enfants, satisfaits tous deux des avantages que nous y trouvions, mais le gouverneur, plus que je ne saurais le dire.

Dans un précédent chapitre, Seigneur Très Puissant, je disais à Votre Majesté Catholique, tout ce que le grand alcade avait fait, pour que les hommes de Garay qui s’étaient disséminés un peu partout fussent rappelés auprès du gouverneur et la diligence qu’on apporta dans cette affaire ; soins inutiles, qui ne purent apaiser le mécontentement qu’avait conçu la plus grande partie de ces gens contre Francisco de Garay. Sachant d’après