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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/296

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recherches, j’appris que là et dans une province voisine, ce métal servait de monnaie ; et continuant mes investigations, j’appris que ce métal venait de la province de Tazco à vingt-six lieues de Mexico. On découvrit les mines, j’y envoyai des Espagnols avec des instruments et l’on m’en apporta des échantillons. Je donnai des ordres pour que dorénavant, au fur et à mesure de mes besoins, on en tirât la quantité nécessaire, mais ce n’était pas sans grandes difficultés.

En même temps qu’on cherchait l’étain, le bonheur voulut qu’on trouvât du fer en grande quantité selon l’appréciation de mes spécialistes. Je fabrique donc chaque jour quelques nouvelles pièces ; j’en ai cinq jusqu’à présent : les deux demi-couleuvrines, deux autres un peu moins grandes, un canon serpentin, deux fauconneaux que j’apportai en venant ici et une autre demi-couleuvrine que j’achetai à la vente du gouverneur Juan Ponce de Léon. Je me suis procuré des navires qui ont abordé à Veracruz, en pièces de bronze petites et grandes, du fauconneau et au-dessus, trente-cinq pièces ; quant à celles de fer, bombardes, couleuvrines, fauconneaux et autres, j’en ai soixante et dix. Ainsi, Dieu soit loué, nous pouvons nous défendre. Ce même Dieu favorable nous pourvoit des munitions qui nous manquaient. Nous trouvâmes quantité de salpêtre et de la meilleure qualité. Quant au soufre, j’ai parlé à Votre Majesté de cette montagne de la province de Mexico qui lance de la fumée ; un Espagnol qu’on attacha avec des cordes, descendit à soixante et dix ou quatre-vingts brasses dans l’intérieur du volcan d’où il nous en a rapporté en quantité suffisante pour nos besoins présents. Dorénavant, nous n’aurons plus à nous exposer à ce péril, car je fais venir du soufre d’Espagne où grâce à Dieu il n’y a plus d’évêque qui en arrête l’envoi.

Après avoir assuré la tranquillité de la ville de Santisteban que j’avais fondée dans le Panuco, achevé la conquête de la province de Tutepec et dès que j’eus expédié le capitaine qui s’en fut à Impilcingo et Coliman, dont j’ai longuement parlé dans un chapitre précédent, et avant de revenir à Mexico, je me rendis aux villes de Veracruz et de Médellin pour les visiter et pourvoir aux besoins de ces deux ports. Je remarquai que, faute d’une