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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/295

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trée peut fournir, car les Indiens en apportent de toutes parts ; tout abonde comme au temps de la grandeur de la ville. Il est vrai que les bijoux d’or et d’argent, que les belles étoffes de plumes et les choses riches ont disparu ; cependant on y trouve encore quelques petites pièces d’or et d’argent, mais loin de la splendeur d’autrefois.

Par suite de l’inimitié que m’a vouée Diego Velazquez et de la mauvaise volonté que, sur ses instances, m’a toujours montrée Don Juan de Fonséca, évêque de Burgos, les officiers du ministère des colonies de Séville et notamment le trésorier, Juan Lopez de Récaldé, de qui tout dépendait du temps de l’évêque, ont toujours refusé de m’envoyer l’artillerie et les armes dont j’avais besoin, quoique plusieurs fois j’eusse envoyé de l’argent pour cela. Mais rien n’affine le génie de l’homme comme la nécessité : celle-ci était extrême et sans espoir de remède, car on se gardait bien, à ce sujet, de rien faire connaître à Votre Majesté ; je cherchai donc comment je pourrais veiller à la conservation et à la sûreté de ce que nous avions eu tant de peine à gagner ; comment je pourrais éviter un tel désastre aux intérêts de Dieu Notre Seigneur et à ceux de Votre Majesté, et comment nous pourrions échapper au péril qui nous menaçait tous.

Je mis donc tous mes soins à faire chercher du cuivre dans les provinces, et je prodiguai les encouragements pour qu’on en trouvât le plus vite possible. On en découvrit et on m’en apporta une grande quantité. Je le confiai à un maître fondeur, qui par bonheur se trouvait là, pour m’en faire des pièces d’artillerie ; il m’en fit deux demi-couleuvrines, si bien réussies, qu’on ne saurait en fabriquer de meilleures.

Mais il me manquait de l’étain, car on ne peut rien sans lui ; pour ces deux pièces, je me l’étais procuré avec difficulté et je l’avais payé fort cher à ceux qui possédaient des vases et des plats, et puis, je n’en trouvai plus à aucun prix. Je m’informai donc de toutes parts si on en pourrait découvrir dans les provinces, et grâce à Dieu qui nous a toujours protégés d’une si éclatante façon, on en trouva de petites pièces minces qui servaient de monnaie dans la province de Tazco. Poursuivant mes