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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/299

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seigneuries de Votre Majesté. On saura toujours ceci, c’est que le détroit n’existe point ; et dans ce cas, Votre Majesté pourrait aviser à ce qu’on s’emparât en son nom des terres des épices et de celles qui les confinent. Pour cela je me tiens au service de Votre Majesté, très heureux qu’elle veuille bien me le commander, et à défaut du détroit, j’espère lui conquérir ces terres, à moins de frais que personne. Mais je prie le Seigneur que ma flottille atteigne le but que je poursuis, qui est de découvrir le détroit, parce que ce serait le résultat le plus heureux ; je l’espère encore, car rien ne saurait manquer à l’heureuse fortune de Votre Majesté, et je n’épargnerai ni diligence, ni zèle, ni volonté pour que cela réussisse.

Je m’occupe aussi d’expédier dans la mer du sud, les navires que je fais construire et qui, s’il plaît à Dieu, prendront la mer au mois de juillet de cette année 1524, pour se diriger au sud, à la recherche du détroit ; car s’il existe, il ne pourra échapper à ma flotte de la mer du sud, ou à celle de la mer du nord. Celle du sud suivra la côte jusqu’au détroit, ou bien jusqu’à la terre que découvrit Magellan et celle du nord poussera jusqu’aux îles des Morues. D’un côté ou de l’autre, nous serons éclairés. Suivant les informations que j’ai reçues touchant la côte nord de la mer du sud, je puis assurer Votre Majesté qu’en dirigeant ma flotte de ce côté, nous y ferons de profitables découvertes. Mais connaissant l’intérêt que Votre Majesté porte au détroit et le grand lustre que cette découverte jetterait sur votre couronne royale, je laisse de côté toute autre entreprise malgré l’importance que j’y attache, pour explorer l’autre route ; que Notre Seigneur nous guide et favorise les desseins de Votre Majesté, je n’ai pas d’autre volonté que la sienne.

Les officiers que Votre Majesté m’a envoyés, pour surveiller ses revenus et ses biens, sont arrivés ; ils se sont fait rendre les comptes par ceux que j’en avais chargés au nom de Votre Altesse. Ces officiers devant établir une relation complète de tout ce qui s’est passé, je ne m’attarderai point à en parler à Votre Majesté et m’en repose entièrement sur eux ; j’espère que leur rapport confirmera Votre Altesse sur la sollicitude et la vigilance que j’ai déployées pour les intérêts de Votre Majesté, et que, malgré