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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/317

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il y avait de beaux vergers avec tous les fruits du paya et de vastes champs de maïs encore verts, dont cependant nous profitâmes avec bonheur.

Je restai deux jours à Chilapan, m’occupant de réunir des vivres et poussant quelques pointes dans les bois à la poursuite des Indiens et toujours à la recherche d’une route ; nous ne pûmes mettre la main que sur deux Indiens, qui furent pris à notre entrée dans le village ; je demandai à ceux-ci de m’indiquer le chemin pour aller à Topetitan ou à Temacaztepec qui est son autre nom : ce fut à tâtons et sans chemin, à travers bois, qu’ils m’y conduisirent ; nous y arrivâmes en deux jours ; nous traversâmes en route une grande rivière appeler Chilapan qui a donné son nom au village ; ce fut avec beaucoup de peine que nous passâmes à l’autre bord, car elle est large et rapide et nous n’avions que des radeaux ; nous y perdîmes encore un esclave et beaucoup de nos bagages.

Pour passer de là au village de Topetitan, nous avions à traverser de grands marais, et pendant les cinq ou six lieues que nous eûmes à parcourir, il n’y en eut pas une où, les chevaux n’enfonçassent jusqu’aux genoux et quelquefois jusqu’aux oreilles. Il y eut un endroit pire que les autres, où je fus forcé d’établir un pont et où je faillis perdre deux ou trois Espagnols ; c’est avec toute cette fatigue qu’au bout de deux jours nous atteignîmes le village, que nous trouvâmes également incendié et désert, ce qui doubla nos ennuis. Nous y trouvâmes des fruits divers et des champs de maïs un peu plus avancés que les précédents ; nous découvrîmes aussi dans quelques maisons des silos de vieux maïs, mais en petite quantité : nous nous en réjouîmes cependant, car nous étions dans le plus grand besoin.

Ce village de Topetitan est au pied d’une grande chaîne de montagnes ; j’y restai six jours. Je fis de là pousser diverses reconnaissances dans l’intérieur, espérant découvrir quelques Indiens pour les rassurer et leur demander mon chemin ; mais l’on ne put s’emparer que d’un homme et de quelques femmes. Ils me dirent que le cacique et ses Indiens avaient brûlé leur village sur les instigations des gens de Zaguatan et qu’ils