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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/349

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posé de quinze maisons toutes neuves ; c’étaient celles que les marchands d’Acalan chassés de Nito avaient construites.

Je restai là deux jours pour rallier mes gens et mes bag et j’envoyai en avant deux compagnies de cavaliers et une de piétons pour nous attendre au village de Acuculin. Mes gens m’écrivirent qu’ils l’avaient trouvé désert ; deux Indiens seulement étaient restés dans une grande maison qui était la demeure de leur maître. Ils attendaient mon arrivée pour en avertir leur seigneur qui avait appris ma venue par les courriers que je lui avais envoyés de Tenciz, et qui désirait me voir ; il viendrait quand il me saurait dans le village. L’un des deux Indiens était donc allé le chercher, l’autre était resté près de mes hommes. On me disait encore, qu’un avait trouvé du cacao dans les plantations, mais point de maïs, que cependant il y avait d’assez bons pâturages pour les chevaux.

À mon arrivée à Acuculin, je demandai si le cacique était là, ou si son serviteur était revenu ? On me répondit que non. Je demandai à l’Indien qui était resté pourquoi son maître n’était pas venu ? Il me dit qu’il n’en savait rien et qu’il l’attendait comme moi ; peut-être, attendait-il la nouvelle de mon arrivée. Après deux jours d’attente vaine, j’interrogeai de nouveau cet homme qui n’en savait pas davantage ; seulement il me pria de le faire accompagner par quelques-uns de mes hommes et qu’il irait le chercher. Je lui en donnai dix, qu’il conduisit à plus de cinq lieues de là, jusqu’à un groupe de cabanes qui paraissaient abandonnées depuis peu. Pendant la nuit le guide s’enfuit et mes gens revinrent au village.

Me voilà donc sans guide, ce qui allait doubler notre désarroi. J’envoyai de tous côtés de petites troupes composées d’Espagnols et d’Indiens pour explorer le pays qu’ils parcoururent pendant huit jours sans pouvoir trouver trace d’Indiens, sinon quelques femmes qui ne nous servirent à rien ; elles ne connaissaient point les routes et ne purent nous rien apprendre ni du cacique, ni de la province. Une seule nous dit qu’elle connaissait un village à deux journées d’ici, qui s’appelait Chianteca et que là nous trouverions des gens qui pourraient nous donner des nouvelles des Espagnols de Nito, parce qu’il y avait