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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/36

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et à qui ils devaient donner une part des produits de leur terre, comme il était de coutume de le faire.

Ce cacique répondit qu’il était très heureux de reconnaître pour souverains des seigneurs aussi puissants que ceux que lui avait dépeints le capitaine ; et Cortes lui dit aussitôt, que puisqu’il montrait tant de bonne volonté à son maître et seigneur, il verrait de quelles grâces Vos Majestés le combleraient à l’avenir. En disant cela, il le fit vêtir d’une chemise de toile de Hollande, d’une robe de velours et d’une ceinture d’or, dont le cacique se montra très heureux, disant à Cortes qu’il désirait retourner à son village, mais qu’il reviendrait un autre jour et qu’il apporterait des provisions et des produits pour nous montrer la bonne volonté qu’il avait de servir Vos Altesses Royales ; il prit congé et partit. Le jour suivant ce même cacique revint comme il l’avait promis et fit étendre une pièce d’étoffe blanche devant le capitaine, étoffe sur laquelle il déposa divers bijoux d’or, au sujet desquels, ainsi que d’autres qu’on nous offrit plus tard, nous adressons un rapport particulier à Vos Majestés, rapport dont nous chargeons nos envoyés.

Lorsque le cacique eut prit congé, nous nous réunîmes tous, gens de l’expédition, nobles, cavaliers, hidalgos zélés pour le service de Notre Seigneur Dieu et de Vos Altesses Royales, désireux d’exalter votre couronne, d’étendre vos seigneuries et d’augmenter vos revenus, et nous nous consultâmes avec le capitaine Fernand Cortes, nous disant que cette contrée était belle et bonne, que selon les échantillons d’or que le cacique nous avait apportés, la terre devait être riche, que selon les marques de bonne volonté que ce même cacique nous avait données, nous avions bons droits de penser que lui et ses Indiens nous accorderaient obéissance ; nous pensâmes que pour le service de Vos Majestés, il convenait de ne point s’en tenir aux instructions de Diego Velazquez au capitaine Fernand Cortes, qui était d’amasser de l’or le plus possible et de s’en retourner à l’île Fernandina où Diego Velazquez et le capitaine s’en seraient partagé la jouissance ; nous tombâmes tous d’accord qu’il valait mieux, au nom de Vos Majestés, fonder une ville avec sa cour de justice, afin que Nos Altesses possé-