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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/37

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dassent la seigneurie de cette terre comme leurs propres domaines. Car cette terre une fois peuplée d’Espagnols, Vos Majestés pourront, en dehors de l’accroissement de leurs rentes et seigneuries, nous accorder quelques faveurs, à nous, comme à ceux qui plus tard viendraient habiter le pays. Étant tombés d’accord, nous nous réunîmes tous dans un même esprit et une même volonté et nous allâmes trouver le capitaine à qui nous dîmes, que puisqu’il voyait comme nous combien il importait au service de Dieu et de Vos Majestés que cette terre fût colonisée (et nous lui en répétâmes les raisons que nous avons dites plus haut à Vos Majestés), il importait d’arrêter les échanges faits jusqu’alors ; que ce serait ruiner le pays et desservir Vos Majestés : qu’il nous fallait fonder une ville ; et nous lui demandâmes d’en nommer aussitôt les alcades et les corrégidors (officiers municipaux) avec protestations de notre part contre son refus de nous écouter.

Notre communication faite au capitaine, il nous promit une réponse pour le jour suivant : il nous dit en effet, que dévoué exclusivement au service de Vos Altesses Royales, il renonçait à tous les bénéfices que pourrait lui procurer le commerce, et au remboursement des grandes dépenses qu’il avait faites conjointement avec Diego Velazquez, et que mettant toute question personnelle de côté, il était heureux de faire ce que nous avions demandé, puisque c’était pour la plus grande gloire de Vos Altesses Royales. Il commença donc aussitôt à jeter des fondations d’une ville qu’il nomma la Ville Riche de la Veracruz ; il choisit parmi nous les alcades et les conseillers municipaux et reçut de nous au nom de Vos Altesses les serments qui sont de coutume ; après quoi, le jour suivant, nous entrâmes en fonctions. Étant réunis, nous appelâmes devant nous le capitaine Fernand Cortes et nous lui demandâmes au nom de Vos Altesses Royales de vouloir bien nous montrer les pouvoirs et instructions que Diego Velazquez lui avait donnés pour venir en ce pays ; ce qu’il fit immédiatement. Les ayant lus et bien examinés du mieux de notre entendement, il nous parut que ce pouvoir et ces instructions n’avaient plus aucune valeur et que par suite de leur expiration, le capitaine Fernand Cortes ne