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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/366

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de sorte que nous apprîmes qu’il habitait le village de Teculutlan. En entendant le nom de ce village il me sembla en avoir entendu parler : en arrivant à Nito je consultai mes notes et j’en trouvai la mention, ce qui me fit penser qu’il n’y avait pas, de là où j’étais, à la mer du Sud, où j’avais envoyé Pedro de Alvarado, plus de soixante-huit lieues. Ces notes me disaient que des Espagnols de la compagnie d’Alvarado avaient occupé ce village de Teculutlan ; l’Indien me confirma le fait, ce dont je me réjouis fort.

Tous mes gens arrivés, les barques ne revenant pas, nous consommions le peu de provisions sèches qui nous restaient. J’empilai tout le monde sur le brigantin où nous avions peine à tenir, avec l’intention de gagner le premier village où nous avions mis pied à terre, où les maïs que nous avions laissés fort avancés devaient être murs, depuis plus de vingt-cinq jours que nous étions passés ; en effet, nous devions les trouver à point. Sur ces entrefaites les barques arrivèrent et se joignirent à nous. Nous débarquâmes tous ensemble, Espagnols, Indiens amis et plus de quarante Indiens nos prisonniers, et fûmes aux champs de mais qui était mûr, sec et que nous n’avions qu’à récolter en paix, n’y ayant personne pour les défendre. Chacun de nous fit trois voyages. Je chargeai donc le brigantin et les barques avec lesquels je me rendis au village.

Je laissai là mes gens occupés au transport du maïs et leur renvoyai les deux barques avec une autre, venant d’un navire qui s’était récemment perdu sur la côte en allant à la Nouvelle-Espagne ; j’y joignis quatre canoas, de sorte que mes hommes revinrent m’apportant beaucoup de maïs. Ce fut un heureux résultat de notre expédition qui nous paya de nos fatigues ; car nous étions sans ressources, condamnés à mourir de faim.

Je fis immédiatement charger ces provisions sur les navires et m’y embarquai avec tous les gens qui survivaient de la troupe de Gil Gonzalez de Avila et je misa la voile[1]… le jour du mois de… et me rendis à la baie de Saint-André, après avoir débarqué sur une pointe les hommes valides qui pou-

  1. Les deux petits passages manquent dans le texte.