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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/367

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vaient marcher et deux chevaux pour qu’ils se rendissent par terre au port de la baie, où je devais attendre ma troupe de Naco ; car avec le navire surchargé nous courions les plus grands risques ; je faisais du reste suivre mes gens d’une barque pour les aider à traverser les rivières. J’arrivai au port où les hommes venant de Naco m’attendaient depuis deux jours.

J’appris d’eux que leurs camarades étaient en bonne santé, qu’ils avaient du maïs en abondance et toutes sortes de fruits, mais ni viande ni sel, dont ils n’avaient pas goûté depuis deux mois.

Je restai dans ce port vingt jours, m’occupant de l’organisation de la troupe que j’avais à Naco et cherchant un emplacement pour y établir une colonie, car c’est le port le meilleur et le plus sûr de toute la côte depuis l’île des Perles jusqu’à la Floride. Je trouvai ce que je cherchais près de certains ruisseaux, et non loin de là on recueillit d’assez beaux échantillons d’or. C’est en raison de ces avantages, d’un port sûr et commode, environné de campagnes fertiles et très peuplées que je voulus y établir une colonie pour le service de Votre Majesté. J’envoyai donc à Naco demander quels seraient ceux de mes gens qui voudraient venir s’y établir ; comme la contrée est riche, il s’en trouva cinquante qui acceptèrent et d’autres encore qui étaient venus en ma compagnie. Je fondai donc là, au nom de Votre Majesté, une ville que j’appelai Nativité de Notre-Dame, parce que ce fut ce jour-là que l’on commença à en tracer le plan. Je nommai les alcades et les corregidors, leur laissai des religieux et des ornements d’église avec le nécessaire pour célébrer la messe ; je leur laissai des maîtres et ouvriers mécaniciens, un forgeron avec une bonne forge, un calfat, un tailleur et un barbier. Il y avait parmi ces colons vingt cavaliers et des arbalétriers à qui je laissai de la poudre et quelques pièces d’artillerie.

Quand j’arrivai à ce village, j’appris des Espagnols venant de Naco, que tous les Indiens de cette ville et autres environnantes étaient soulevés et s’étaient réfugiés dans les montagnes et dans les bois, qu’ils ne voulaient point se calmer et qu’on avait beau s’efforcer de les pacifier, la terreur que leur avaient inspirée les mauvais traitements de Gil Gonzalez et de Cristobal de Oli