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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/368

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les retenait au loin. J’écrivis au capitaine qui commandait à Naco de s’arranger coûte que coûte pour m’envoyer quelques-uns de ces Indiens. Il m’envoya certaines personnes qu’il avait prises dans l’une de ses expéditions.

Je m’efforçai de rassurer ces malheureux, à qui je fis parler par les seigneurs mexicains faisant partie de ma suite. Ceux-ci leur dirent qui j’étais, ce que j’avais fait dans leur pays, quels bons traitements recevaient de moi tous ceux qui étaient devenus mes amis, comment ils étaient défendus dans leurs biens, avec leurs femmes et leurs enfants ; les dommages que recevaient au contraire les rebelles au service de Votre Majesté et autres discours qui les rassurèrent.

Cependant, me disaient-ils, ils craignaient encore que cela ne fût pas bien vrai, car les capitaines qui m’avaient précédé leur en avaient dit autant et les avaient trompés ; ils avaient enlevé les femmes qu’on leur avait données pour faire leur pain, ainsi que les hommes qu’on leur avait prêtés pour porter leurs bagages et ils croyaient qu’il en serait toujours ainsi. Cependant ils donnèrent plus de crédit à ce que leur dirent les seigneurs de Mexico et mon interprète indienne, qu’ils voyaient en ma compagnie libres et satisfaits. Ils se rassurèrent donc quelque peu, je les renvoyai pour qu’ils s’efforçassent de nous ramener les caciques et nous des villages ; ils y réussirent, car peu de jours après le capitaine m’écrivait, que plusieurs Indiens des villages environnants étaient venus faire leur soumission, et principalement ceux de la dépendance de Naco qu’habitaient mes hommes ; à savoir, Quimiotlan, Sula et Tholoma, villes dont la moins importante compte plus de deux mille maisons, sans parler des hameaux et villages qui en dépendent. Ils avaient assuré que toute la contrée serait apaisée, parce que je leur avais envoyé des messagers qui leur avaient dit pourquoi j’étais venu chez eus et tout ce que les Mexicains leur avaient conté à mon sujet ; qu’on désirait que j’allasse à Naco, ce qui rassurerait tout le monde. Je l’aurais fait avec plaisir, mais il me fallait de toute nécessité marcher en avant pour le règlement choses dont je vais parler à Votre Majesté dans le paragraphe suivant.