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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/373

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raient et tous les autres préférèrent accompagner Francisco de Las Casas et Gil Gonzalez qui devaient aller vous retrouver. Il y avait, parmi ceux-là, vingt cavaliers.

« Nous fûmes de ceux qui restèrent dans cette ville ; Francisco de Las Casas nous donna aussitôt tout ce dont nous avions besoin ; il nous désigna un capitaine commandant et nous assembla sur cette côte où il nous engagea à y fonder une ville sous le patronage de Votre Grâce et au nom de Sa Majesté ; il nomma les alcades et les regidors, les notaires, l’alguazil, et les conseillers municipaux et nous demanda de nommer cette ville Trujillo. Il nous promit et engagea sa parole de chevalier, de faire tout son possible pour que Votre Grâce nous pourvoie, dans le plus bref délai, de gens, d’armes, de chevaux, de provisions et de tout ce qu’il nous fallait pour pacifier cette province. Il nous donna deux interprètes, une Indienne et un chrétien, qui parlaient plusieurs langues. Nous nous séparâmes de lui, bien décidés à faire ce qu’il nous avait recommandé et pour que vous en soyez rapidement instruit, il dépêcha un brigantin, la mer étant la voie la plus courte, de manière que Votre Grâce s’occuperait plus tôt de nous.

« Arrivés au port de San Andres, ou Caballos, nous trouvâmes une caravelle qui arrivait des îles : l’endroit où nous étions ne nous paraissant point propice à coloniser, on nous avait parlé du port où nous sommes ; nous prêtâmes la caravelle pour porter les bagages où on les empila tous, puis le capitaine s’y embarqua avec quarante hommes ; les cavaliers et le peste de la troupe devaient prendre le chemin de terre, n’ayant guère que leurs chemises pour avancer plus légers et plus alertes au cas qu’il leur arrivât quelque chose. Le capitaine remit ses pouvoirs à l’alcade que voici, à qui nous devions obéir en son lieu et place, car l’autre alcade s’en allait avec la caravelle. Nous nous séparâmes les uns des autres, pour nous retrouver dan ce port.

« En route, nous eûmes quelques rencontres avec les Indiens qui nous tuèrent deux Espagnols et quelques-uns de nos porteurs. Nous arrivâmes au port, très fatigués, nos chevaux déferrés, mais fort contents, espérant trouver le capitaine,