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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/378

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pagua et, l’autre, Papayeca, situés à sept lieues de Trujillo et à deux lieues l’un de l’autre.

Ce sont deux grands centres de population, car Papayeca compte dix-huit villages sous sa dépendance et Chapagua dix.

Notre Seigneur voulut que tout se passât pour le mieux des intérêts de Votre Majesté ; les Indiens écoutèrent mes envoyés avec la plus grande attention et ils m’envoyèrent quelques-uns des leurs pour s’assurer de la vérité de ce qu’on leur avait dit. Je les reçus fort bien, leur fis divers présents et les entretins au moyen de mon interprète habituel, la langue de Mexico étant à peu près la même que la leur, sauf quelques différences de prononciation ; je leur confirmai tout ce qu’on leur avait dit de ma part et ajoutai diverses choses pour les mieux rassurer, les priant d’engager leurs caciques à venir me voir ; ils me quittèrent très satisfaits.

Au bout de cinq jours, je reçus de la part des Indiens de Chapagua un gros personnage appelé Montamal, chef de l’un des villages de la seigneurie de Chapagua appelé Telica : il en vint un autre, envoyé par les gens de Papayeca, cacique d’un village appelé Cecoatl et accompagné de quelques-uns de ses Indiens ; ils m’apportèrent des provisions en maïs, poules et fruits divers. Ils venaient, disaient-ils, de la part de leurs maîtres pour que je leur apprisse la cause de ma venue dans leur pays et mes intentions à leurs égards ; pour eux, ils n’étaient pas venus me voir, de crainte qu’on ne les enlevât sur les navires, comme il était arrivé aux premiers qui s’étaient rendus auprès des chrétiens.

Je leur répondis que j’en étais désolé, mais que dorénavant on ne leur ferait plus aucun mal, et que j’avais envoyé chercher les gens qu’on leur avait enlevés, pour les leur rendre. Plaise à Dieu que ces licenciés ne me fassent point mentir, car je crains fort qu’ils ne gardent ces Indiens. Ils apporteront, cela est certain, mille lenteurs dans le procès du bachelier Moreno qui ne dut agir que conformément aux instructions de ces juges.

En réponse à ces envoyés qui me demandaient la raison de ma venue dans leur pays, je leur dis qu’ils avaient dû savoir comment, il y avait huit années déjà, j’étais arrivé dans le royaume