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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/379

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de Culua, où Muteczuma, seigneur de la grande ville de Mexico et de toute la contrée, sachant que j’étais envoyé par Votre Majesté à qui tout l’univers doit obéissance, m’avait fort bien accueilli et s’était déclaré le vassal de Votre Majesté, ainsi que l’avaient fait tous les autres seigneurs du pays. Je leur racontai ce qu’ils avaient fait pour moi et comment j’étais chargé de visiter et d’étudier toutes leurs provinces sans en excepter aucune : que j’avais mission d’y fonder des villages de chrétiens pour enseigner aux Indiens un nouveau genre de vie, non seulement en ce qui touchait à leurs personnes et à leurs biens, mais plus encore pour ce qui touchait au salut de leurs âmes. Voilà quelle était la véritable raison de ma présence et que loin d’en souffrir aucun dommage, ils en tireraient le plus grand profit. Je leur dis que tous ceux qui se conformeraient aux ordres royaux de Votre Majesté, seraient comblés de faveurs, et que pour les rebelles, ils seraient châtiés sans merci. J’ajoutai encore bien d’autres choses que, pour ne pas être prolixe, je tairai à Votre Majesté.

Je donnai à ces gens diverses bagatelles d’Espagne qui ne sont rien pour nous et qu’ils tiennent en haute valeur ; ils s’en allèrent tous fort satisfaits. Ils revinrent aussitôt, m’apportant des vivres avec un grand nombre d’Indiens pour préparer l’emplacement du village qui était une haute colline. Quoique les caciques ne vinssent pas me voir, j’eus l’air de n’y attacher aucune importance et je les priai d’envoyer des courriers dans tous les villages voisins pour leur communiquer ce que j’avais dit, et les engager à me donner des hommes pour travailler à la construction de la ville, ce qu’ils s’empressèrent de faire. Il en vint de quinze à seize villages, gens notables qui tous s’offraient comme sujets de Votre Majesté et m’amenaient de leurs gens pour couper les bois et aplanir l’emplacement de la colonie ; ils apportaient aussi des vivres qui nous permirent d’attendre l’arrivée des navires que j’avais envoyés dans les îles.

En même temps, j’expédiai mes trois navires avec un autre que j’avais acheté, sur lesquels j’embarquai tous les malades qui avaient survécu. J’envoyai l’un dans les ports de la Nouvelle-Espagne avec lettres très détaillées aux officiers de Votre Majesté