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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/385

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villages furent aussitôt repeuplés : je libérai les caciques, et depuis lors ils vivent en paix et se tiennent à nos ordres.

Ceux de Papayeca ne voulurent jamais se rendre près de moi, leurs seigneurs du moins, ils vivaient dans les bois laissant leurs villages déserts. Je les sommai plusieurs fois de revenir, ils s’y refusèrent toujours. J’envoyai donc un détachement de cavalerie et de gens de pied accompagnés d’Indiens de nos amis qui surprirent une nuit l’un de ces caciques qui sont deux. Celui-ci se nommait Pizacura ; quand je lui demandai pourquoi il se conduisait de cette manière, il me répondit qu’il n’avait fait qu’obéir à l’autre cacique nommé Mazatl et qui était son chef ; mais que si je voulais le mettre en liberté, il me livrerait son collègue et que je n’aurais qu’à le pendre pour que tout rentrât dans l’ordre, parce que étant le seul maître, il en ferait son affaire.

On le mit en liberté, ce qui nous causa de plus grands ennuis comme nous le verrons ci-après. Certains Indiens de nos amis épièrent Mazatl et conduisirent de mes Espagnols à sa retraite où il fut pris. On lui répéta ce que son collègue avait dit de lui et on le somma d’avoir à repeupler ses villages en un temps voulu ; il ne voulut jamais y consentir. On instruisit son procès, il fut condamné à mort et exécuté. Ce fut un grand exemple pour les autres, car divers villages abandonnés se repeuplèrent aussitôt et il n’y en a pas de plus tranquille. Papayeca seul n’a jamais voulu se rendre.

Après que j’eus rendu la liberté à Pizacura, on instruisit son procès et nous fîmes la guerre à Papayeca où nous enlevâmes plus de cent Indiennes et Indiens qui furent marqués comme esclaves, Pizacura fut du nombre. Je ne le condamnai pas à mort, je résolus de le garder près de moi avec d’autres gens notables que je voulais emmener à Mexico, afin qu’ils vissent les choses de la Nouvelle-Espagne, comment en traitait les Indiens et le service auquel ils étaient astreints, pour que chez lui il organisât les choses de la même manière. Mais il mourut ; quant aux autres, ils vivent et je les renverrai chez eux à la première occasion. La prise de Pizacura et d’un jeune cacique que nous gardâmes en prison, ainsi que le châtiment de l’escla-