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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/397

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dépensé davantage, non pas à me faire des rentes ni à me constituer des majorats, mais à étendre le patrimoine royal de Votre Altesse, en gagnant et conquérant, au milieu des plus grands dangers et périls pour ma personne, des royaumes et des seigneuries pour Votre Excellence. Rien n’a pu apaiser maudits, ni réduire au silence leurs langues de vipère.

Si l’on consulte mes livres, on trouvera plus de trois cent mille piastres d’or m’appartenant, dépensées pour ces conquêtes ; ma bourse épuisée, je pris les soixante mille piastres d’or de Notre Majesté que je ne gaspillai pas en vaines dépenses, mais qui me servirent à payer des dettes contractées pour les frais de la conquête, et si ces dépenses furent utiles, on n’a qu’à s’en rapporter aux faits. Ceux qui prétendent que je n’envoie pas de rente à Votre Majesté mentent impudemment ; car depuis le peu de temps que je suis dans cette contrée, je puis affirmer que j’ai envoyé à Votre Majesté plus de richesse ou de valeur qu’elle n’en a reçue des îles et de la terre ferme, depuis plus de trente ans qu’elles ont été découvertes et colonisées, conquêtes qui coûtèrent aux Rois Catholiques vos ancêtres beaucoup de frais et de dépenses.

J’ai non seulement remis à Votre Majesté toute la part qui lui revenait ; j’y ai ajouté du mien et du bien de mes compagnons, sans compter ce que nous avons dépensé pour son royal service, et dont j’envoyai copie. En envoyant à Votre Majesté ma première lettre, par Alonzo Porto-Carrero et Francisco de Montejo, non seulement j’envoyai le cinquième des sommes amassées, appartenant à Votre Majesté, mais tout ce que nous pûmes réunir, parce qu’il me parut juste de vous envoyer de cette ville, où Muteczuma son empereur vivait encore, les prémices de notre conquête et le cinquième de l’or en lingots, qui se monta à trente et tant de milliers de castellanos, auxquels nous ajoutâmes, chacun ayant refusé sa part, tous les bijoux, dont la valeur dépassait cinq cent mille piastres d’or. L’un et l’autre furent perdus, c’est vrai, quand les Mexicains nous chassèrent de leur ville, lors du mouvement occasionné par l’arrivée de Narvaez, disgrâce encourue par mes péchés peut-être, non par ma négligence.

Plus tard, quand je conquis le pays et que je le mis sous le