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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/403

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jalva, et conquérir les provinces environnantes pour la plus grande gloire de Dieu et de Votre Majesté ; car les navires qui vont et viennent sur cette côte ont le plus grand intérêt à la voir se peupler, parce que plusieurs y ont été jetés dont les passagers et les équipages ont été massacrés par les habitants insoumis.

J’ai aussi envoyé dans le pays des Zapotecs trois compagnies, pour qu’on y pénètre de trois côtés à la fois, afin de le soumettre le plus rapidement possible et arrêter les déprédations que les habitants exercent chez nos alliés indiens ; la conquête de cette province nous sera d’autant plus profitable qu’elle contient les mines les plus riches de la Nouvelle-Espagne et qu’elle deviendra l’un des plus beaux fleurons de la couronne de Votre Majesté.

J’organise en ce moment un fort parti de gens pour aller coloniser le fleuve de las Palmas sur la côte nord près de la Floride, car j’ai reçu les meilleurs renseignements sur la fertilité de la terre et l’emplacement d’un port ; je crois enfin que Dieu et Votre Majesté ne seront pas moins bien servis par cette expédition que par les précédentes, tant sont bonnes les nouvelles venues de cette côte.

Entre la côte nord et la province de Michoacan se trouve une certaine race d’Indiens appelés Chichimecs ; ce sont gens barbares et moins intelligents que ceux des autres provinces. J’envoie chez eux soixante chevaux et deux cents fantassins accompagnés de quelques milliers de nos alliés, pour étudier les ressources de la province. Si on leur trouve les aptitudes de vivre en société comme les autres et qu’on puisse les amener à la connaissance de notre Sainte Foi et à reconnaître l’autorité de Votre Majesté, mes gens sont autorisés à fonder une ville dans l’endroit qui leur plaira le mieux. S’ils se montrent réfractaires et nous refusent obéissance, je manderai qu’on leur fasse la guerre et qu’on les réduise en esclavage pour qu’il n’y ait sur cette terre aucune non-valeur, ni gens dispensés d’obéir à Votre Majesté. Faire de ces Indiens sauvages des esclaves, ce sera rendre aux Espagnols un service signalé, car on les emploiera dans les mines d’or, sans parler de ceux que notre voisin pourra convertir.

J’ai appris que certaines parties de cette province avaient des