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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/43

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de ces pays au nom de Vos Altesses Royales, afin que tout le mérite de la conversion de ces infidèles en revienne à Vos Majestés. En effet, autant que nous pouvons en juger, il suffirait de quelques interprètes ou personnes parlant leur langue, qui leur fissent comprendre la vérité de notre foi et l’absurdité de la leur, pour que nombre d’entre eux et peut-être tous renonçassent à bref délai à leur hérésie pour adopter nos croyance ; car ces Indiens sont plus policés et vivent plus raisonnablement que pas une des peuplades connues jusqu’à ce jour. Vouloir donner à Vos Majestés tous les détails concernant le pays et les gens, ce serait s’exposer à erreur ; car en beaucoup de choses nous n’avons parlé que d’après les informations données par les naturels ; en conséquence, nous nous garderons de rien avancer que Vos Majestés ne puissent tenir pour absolument sûr. Vos Majestés pourraient, si elles le jugent bon, faire adresser un rapport à Notre Saint-Père, afin qu’il donne, en toute diligence, des ordres pour la conversion de ces infidèles, ce dont nous pourrions attendre les meilleurs résultats. Nous demanderions également que Sa Sainteté voulût bien permettre, que les méchants et les rebelles fussent premièrement avertis, punis ensuite et châtiés comme ennemis de notre sainte foi. Ces châtiments serviraient d’exemple aux Indiens, les engageraient à reconnaître la vérité de notre foi et à éviter les grands dommages qu’ils encourent au service de leurs idoles. Car, outre ce que nous avons raconté à Vos Majestés des enfants, hommes et femmes que ces Indiens sacrifiaient à leurs dieux, nous avons appris et nous sommes certains que tous sont sodomites et pratiquent cette abominable coutume. De toutes façons, nous supplions Vos Majestés de nous envoyer leurs instructions pour le mieux du service de Notre Seigneur et de Vos Altesses Royales ; nous demandons aussi qu’elles veuillent bien penser à nous, leurs serviteurs fidèles, et nous accorder quelques faveurs. Quant aux procureurs que nous envoyons à Vos Majestés, et aux instructions que nous leur avons données, il en est une toute spéciale : c’est notre supplique à Vos Majestés de ne rien accorder dans ces contrées à Diego Velazquez, lieutenant-amiral de l’île Fernandina, ni charge de justice, ni gouvernement, ni aucune