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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/44

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autre faveur ; et si par hasard il lui en avait été accordée, qu’on la révoque, parce qu’il ne convient pas au service de votre couronne royale que le dit Diego Velasquez, ni aucune autre personne possède une seigneurie ou pouvoir quelconque perpétuel ou passager, sauf toutefois la volonté de Vos Majestés, dans des contrées qui leur appartiennent et qui sont très riches selon toutes probabilités. Loin de convenir au service de Vos Majestés que le susdit Diego Velazquez soit pourvu d’un office quelconque, nous aurions tout lieu de craindre, s’il en obtenait un, que nous, les vassaux de Vos Altesses Royales, dans cette contrée que nous avons commencé à coloniser, ne soyons par lui fort maltraités. Nous croyons, en effet, que ce que nous avons fait en ce jour pour le service de Vos Majestés en leur envoyant l’or, l’argent et les bijoux que nous avons amassés, serait fort mal vu par le lieutenant-amiral, comme il nous apparut clairement par la protestation de quatre de ses serviteurs, qui en voyant que nous voulions tout envoyer à Vos Altesses Royales, prétendirent qu’il était mieux de l’envoyer à Diego Velazquez et s’opposèrent à ce qu’on l’envoyât à Vos Majestés. C’est pourquoi nous les fîmes arrêter, attendant que la justice décide de leur sort ; nous adresserons à ce sujet un rapport à Vos Majestés. Pour ce qui concerne Diego Velazquez, nous avons été témoins de son administration, et l’expérience que nous en avons, nous fait craindre que s’il avait une charge quelconque en ce pays, il nous traiterait mal, comme il l’a fait à l’île Fernandina du temps de son gouvernement ; ne rendant justice à personne, se passionnant sans rime ni raison, faisant tort à d’honnêtes gens et les réduisant à la misère. Il ne leur donnait pas d’Indiens, les gardant pour lui tout en les dépouillant de l’or qu’ils avaient amassé, sans leur en laisser la plus petite part, et ne fréquentant que des hommes dissolus, étant ceux qui lui convenaient le mieux. Étant gouverneur, personne, par crainte, n’ose faire qu’à son bon plaisir. Vos Majestés n’ont jamais eu avis de ces abus, personne n’en n’ayant jamais parlé ; d’autant que ses envoyés à votre cour n’étaient que des créatures qu’il tenait sous sa dépendance et qu’il achetait par des concessions d’Indiens.

Quand les procureurs retournent dans leurs villages et ren-