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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/45

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dent compte de ce qu’on y a fait, les habitants demandent qu’on n’envoie pas au gouverneur des personnes pauvres, parce que, pour un cacique que leur attribue Diego Velazquez, ils font tout ce qui lui plaît ; et comme il ne dépouille jamais les corregidors et les alcades, des Indiens qu’il leur a donnés, ceux-ci n’osent parler ni dénoncer les procureurs qui ont manqué à tous leurs devoirs, pour le bon plaisir de Diego Velazquez. De cette manière, il a toutes bonnes choses dans sa main, et Vos Majestés comprendront facilement le pourquoi de tous les rapports adressés de l’île Fernandina par Diego Velazquez ; les faveurs qu’il demande sont réservées à ses procureurs, les communautés en sont fort mécontentes et ne les ont jamais approuvées. Elles demanderaient au contraire que ces procureurs fussent exemplairement châtiés. Tout ce que nous venons de dire, est notoire pour nous autres les habitants de cette ville de la Veracruz ; c’est pourquoi, nous nous sommes réunis sous la présidence du procureur de notre conseil, qui nous demanda que sur son rapport appuyé de nos signatures, nous suppliions en son nom Vos Majestés, de ne pourvoir d’aucune charge Diego Velazquez ; mais, au contraire, de lui demander des comptes, lui enlever les fonctions qu’il occupe dans l’île Fernandina, car, lorsqu’il aura rendu ses comptes, tout le monde saura que nous avons dit la vérité. Nous supplions donc Vos Majestés d’envoyer un perquisiteur pour faire des recherches au sujet de tout ce que nous avons écrit à Vos Majestés, tant pour l’île de Cuba que pour tout autre endroit, de sorte que nous puissions prouver à Vos Majestés combien il serait injuste qu’il exerçât des charges royales, soit ici, soit en tout autre lieu où il réside présentement.

Nous avons également demandé au procureur, nous les habitants de cette ville, que dans sa requête il supplie Vos Majestés de vouloir bien nommer par cédule royale, Fernand Cortes capitaine et chef suprême de la justice de Vos Altesses Royales, pour qu’il nous gouverne jusqu’à ce que le pays soit conquis et pacifié, ou jusqu’à ce que Vos Majestés aient résolu de nommer telles personnes qui leur paraîtront le mieux mériter. C’est ce rapport et cette supplique, que nous adressons humblement