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Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome III, 1926.djvu/51

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l’angleterre et les scandinaves

jamais entre indigènes et dirigeants. Le sol était principalement aux mains de grands propriétaires ; il n’y avait point de villes, seulement de grosses bourgades. En somme, rien n’y rappelait la Gaule romaine.

Les incursions germaniques commencèrent au ivme siècle. En 365 des bandes saxonnes parurent qui furent bientôt chassées. Mais les Celtes indépendants d’Écosse et d’Irlande profitèrent de l’occasion pour descendre en Angleterre et y attaquer les légions. Stilicon[1] venait de les refouler (400 ap. J.-C.) lorsque se produisit sur le continent le grand mouvement de peuples provoqué par la marche en avant des Huns et qui exigea le rappel de l’armée romaine. Dès lors l’Angleterre livrée à elle-même se vit en proie à l’anarchie et aux ravages de ses voisins celtes. Les habitants pour se défendre attirèrent les Saxons qui débarquèrent à l’entrée de la Tamise (449) et trouvant le pays à leur gré ne voulurent plus, leur besogne remplie, retourner chez eux. Une lutte interminable s’en suivit que domine la légendaire figure du roi Arthur. Qui était-il ? Où régna-t-il ? L’histoire n’en sait rien. Elle ne peut qu’enregistrer la prodigieuse popularité de ce héros brumeux. Il est aussi question dans divers récits d’un chef celto-romain qui aurait tenu tête aux Saxons et remporté sur eux près de Bath une victoire retentissante. Les envahisseurs pourtant eurent le dernier mot puisqu’ils réussirent à établir des principautés dont Londres, Winchester, Chichester, Cantorbéry furent les chef-lieux. Par la suite, d’autres principautés s’y ajoutèrent avec York, Leicester et Norwich pour centres. Celles-ci étaient l’œuvre des Angles dont l’établissement (542-584) paraît avoir été beaucoup plus réfléchi et définitif que celui des saxons car ils vinrent moins en pirates chercheurs d’aventures et de butin qu’en émigrants successifs ayant abandonné volontairement leurs foyers pour aller s’en créer d’autres ailleurs.

Vers le même temps des événements singuliers se produisirent dans le pays auquel ces nouveau-venus devaient donner leur nom. Le christianisme y avait été introduit dès le début du iiime

  1. Stilicon qu’on a appelé parfois le « dernier des Romains » à cause du stoïcisme dont il fit preuve en mourant était le fils d’un chef vandale. Élevé à Rome et protégé de l’empereur Théodose, il épousa sa nièce et fut le tuteur de son fils Honorius. « Consul » en 400, il tenta de rendre de l’autorité au Sénat. Il guerroya sans cesse pour le service de l’empire. Victime d’intrigues et de jalousies et injustement condamné, il retint ses soldats qui voulaient le défendre et se livra au bourreau plutôt que de susciter une insurrection dont l’empire aurait pâti.