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Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome IV, 1926.djvu/104

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histoire universelle

devenue veuve, Marie-Thérèse continuait de gouverner tandis que le titre impérial avait passé à son fils Joseph II. Ce fut le jeune empereur qu’elle envoya s’entendre avec Frédéric. On négocia en 1769 et encore en 1770 : tristes palabres pleins d’impudeur où chacun s’efforçait à jeter les autres en avant en tirant à soi le plus possible d’avantages matériels. Les traités définitifs furent signés à Petersbourg et à Vienne au début de 1772. Après avoir argué de la « confusion » où se trouvait la Pologne par « la division des grands et la perversité de tous les citoyens », les co-partageants déclaraient « au nom de la Sainte Trinité » s’adjuger les territoires qu’ils avaient convoités. La Pologne se trouvait amputée à l’est, à l’ouest et au sud et perdait environ cinq millions d’habitants sur quinze. Après une année d’impuissante résistance le roi et la diète durent s’incliner devant la force des baïonnettes (1773).

Ce qui suivit était fatal. La Pologne se réforma et des mesures énergiques furent prises mais une partie de la noblesse trahit et à la faveur des troubles suscités çà et là par la révolution française, la Prusse et la Russie intervinrent à nouveau. Les troupes conduites par l’héroïque Kosciusko furent vaincues. La prise de Varsovie marqua le dernier terme (1794). On a distingué subtilement « les trois partages de la Pologne ». Ce sont là de simples étapes d’un même acte conçu et perpétré en pleine paix sans prétexte et sans excuse. Comme l’a si justement écrit A. Rambaud, « le droit du plus fort s’était ainsi ouvertement substitué à l’ancien droit des gens. On avait créé un droit révolutionnaire, on autorisait d’avance les conquêtes de la Convention, du Directoire, de Napoléon… au point de vue européen, le partage de la Pologne créait entre les trois cours du nord une complicité qui les fit pour longtemps solidaires ».